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Una palabra - Gabriela Mistral (1889-1945)

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Message  Gil Def Mar 18 Juin 2024 - 15:57

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Una palabra - Gabriela Mistral (1889-1945) Chili12

Gabriela MISTRAL
1889-1945

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Una palabra - Une parole


Voz : Gabriela Mistral




Yo tengo una palabra en la garganta
y no la suelto, y no me libro de ella
aunque me empuja su empellón de sangre.
Si la soltase, quema el pasto vivo,
sangra al cordero, hace caer al pájaro.

Tengo que desprenderla de mi lengua,
hallar un agujero de castores
o sepultarla con cal y mortero
porque no guarde como el alma el vuelo.

No quiero dar señales de que vivo
mientras que por mi sangre vaya y venga
y suba y baje por mi loco aliento.
Aunque mi padre Job la dijo, ardiendo,
no quiero darle, no, mi pobre boca
porque no ruede y la hallen las mujeres
que van al río, y se enrede a sus trenzas
o al pobre matorral tuerza y abrase.

Yo quiero echarle violentas semillas
que en una noche la cubran y ahoguen,
sin dejar de ella el cisco de una sílaba.
O rompérmela así, como la víbora
que por mitad se parte entre los dientes.

Y volver a mi casa, entrar, dormirme,
cortada de ella, rebanada de ella,
y despertar después de dos mil días
recién nacida de sueño y olvido.

¡Sin saber ¡ay! que tuve una palabra
de yodo y piedra-alumbre entre los labios
ni poder acordarme de una noche,
de la morada en país extranjero,
de la celada y el rayo a la puerta
y de mi carne marchando sin su alma!


"Lagar", 1954




J'ai une parole dans la gorge
et je ne la lâche pas, et je ne me débarrasse pas d'elle
même si me pousse son flux de sang
Si je la laisse partir, elle brûle l'herbe vivante,
saigne l'agneau, fait tomber l'oiseau.

Je dois l'enlever de ma langue,
trouver un trou de castors
ou l'enterrer avec de la chaux et du mortier
car elle ne garde pas le vol comme l'âme.

Je ne veux pas donner de signes que je vis
alors que dans mon sang ça va et vient
et monter et descendre à travers mon souffle fou.
Bien que mon père Job l'ait dit avec ardeur,
Je ne veux pas la donner, non, ma pauvre bouche
parce que ça ne va pas et les femmes la trouvent
qui vont à la rivière et s'emmêlent dans ses tresses
ou le pauvre buisson se tort et brûle.

Je veux répandre des graines violentes
qu'en une nuit la couvre et la noie,
sans lui laisser l'histoire d'une syllabe.
Ou casse-la comme ça, comme la vipère
qui se brise en deux entre les dents.

Et reviens chez moi, entre, endors-toi,
coupe-la, tranche-la,
et je me réveille après deux mille jours
nouveau-né du sommeil et de l’oubli.

Sans le savoir, oh ! que j'avais une parole
d'iode et de pierre d'alun entre les lèvres
Je ne me souviens même pas d'une nuit,
de résider dans un pays étranger,
du piège et de la foudre à la porte
et ma chair marchant sans son âme !


Traduction : ---




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