Una palabra - Gabriela Mistral (1889-1945)
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Una palabra - Gabriela Mistral (1889-1945)
Una palabra - Une parole
Voz : Gabriela Mistral
Voz : Gabriela Mistral
Yo tengo una palabra en la garganta y no la suelto, y no me libro de ella aunque me empuja su empellón de sangre. Si la soltase, quema el pasto vivo, sangra al cordero, hace caer al pájaro. Tengo que desprenderla de mi lengua, hallar un agujero de castores o sepultarla con cal y mortero porque no guarde como el alma el vuelo. No quiero dar señales de que vivo mientras que por mi sangre vaya y venga y suba y baje por mi loco aliento. Aunque mi padre Job la dijo, ardiendo, no quiero darle, no, mi pobre boca porque no ruede y la hallen las mujeres que van al río, y se enrede a sus trenzas o al pobre matorral tuerza y abrase. Yo quiero echarle violentas semillas que en una noche la cubran y ahoguen, sin dejar de ella el cisco de una sílaba. O rompérmela así, como la víbora que por mitad se parte entre los dientes. Y volver a mi casa, entrar, dormirme, cortada de ella, rebanada de ella, y despertar después de dos mil días recién nacida de sueño y olvido. ¡Sin saber ¡ay! que tuve una palabra de yodo y piedra-alumbre entre los labios ni poder acordarme de una noche, de la morada en país extranjero, de la celada y el rayo a la puerta y de mi carne marchando sin su alma! "Lagar", 1954 | J'ai une parole dans la gorge et je ne la lâche pas, et je ne me débarrasse pas d'elle même si me pousse son flux de sang Si je la laisse partir, elle brûle l'herbe vivante, saigne l'agneau, fait tomber l'oiseau. Je dois l'enlever de ma langue, trouver un trou de castors ou l'enterrer avec de la chaux et du mortier car elle ne garde pas le vol comme l'âme. Je ne veux pas donner de signes que je vis alors que dans mon sang ça va et vient et monter et descendre à travers mon souffle fou. Bien que mon père Job l'ait dit avec ardeur, Je ne veux pas la donner, non, ma pauvre bouche parce que ça ne va pas et les femmes la trouvent qui vont à la rivière et s'emmêlent dans ses tresses ou le pauvre buisson se tort et brûle. Je veux répandre des graines violentes qu'en une nuit la couvre et la noie, sans lui laisser l'histoire d'une syllabe. Ou casse-la comme ça, comme la vipère qui se brise en deux entre les dents. Et reviens chez moi, entre, endors-toi, coupe-la, tranche-la, et je me réveille après deux mille jours nouveau-né du sommeil et de l’oubli. Sans le savoir, oh ! que j'avais une parole d'iode et de pierre d'alun entre les lèvres Je ne me souviens même pas d'une nuit, de résider dans un pays étranger, du piège et de la foudre à la porte et ma chair marchant sans son âme ! Traduction : --- |
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def- Admin
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