Todas íbamos a ser reinas - Gabriela Mistral (1889-1945)
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Todas íbamos a ser reinas - Gabriela Mistral (1889-1945)
Todas íbamos a ser reinas - Toutes nous allions être reines
Voz : María Mary May
Voz : María Mary May
Todas íbamos a ser reinas, de cuatro reinos sobre el mar: Rosalía con Efigenia y Lucila con Soledad. En el valle de Elqui, ceñido de cien montañas o de más, que como ofrendas o tributos arden en rojo y azafrán, Lo decíamos embriagadas, y lo tuvimos por verdad, que seríamos todas reinas y llegaríamos al mar. Con las trenzas de los siete años, y batas claras de percal, persiguiendo tordos huidos en la sombra del higueral, De los cuatro reinos, decíamos, indudables como el Korán, que por grandes y por cabales alcanzarían hasta el mar. Cuatro esposos desposarían, por el tiempo de desposar, y eran reyes y cantadores como David, rey de Judá. Y de ser grandes nuestros reinos, ellos tendrían, sin faltar, mares verdes, mares de algas, y el ave loca del faisán. Y de tener todos los frutos, árbol de leche, árbol del pan, el guayacán no cortaríamos ni morderíamos metal. Todas íbamos a ser reinas, y de verídico reinar; pero ninguna ha sido reina ni en Arauco ni en Copán. Rosalía besó marino ya desposado en el mar, y al besador, en las Guaitecas, se lo comió la tempestad. Soledad crió siete hermanos y su sangre dejó en su pan, y sus ojos quedaron negros de no haber visto nunca el mar. En las viñas de Montegrande, con su puro seno candeal, mece los hijos de otras reinas y los suyos no mecerá. Efigenia cruzó extranjero en las rutas, y sin hablar, le siguió, sin saberle nombre, porque el hombre parece el mar. Y Lucila, que hablaba a río, a montaña y cañaveral, en las lunas de la locura recibió reino de verdad. En las nubes contó diez hijos y en los salares su reinar, en los ríos ha visto esposos y su manto en la tempestad. Pero en el Valle de Elqui, donde son cien montañas o son más, cantan las otras que vinieron y las que vienen cantarán: "En la tierra seremos reinas, y de verídico reinar, y siendo grandes nuestros reinos, llegaremos todas al mar". "Tala", 1938 | Toutes nous allions être reines, de quatre royaumes sur la mer : Rosalia comme Efigenia Lucila comme Soledad. Dans la vallée de l’Elqui, ceinte de cent montagnes, ou de bien plus, qui comme offrandes ou tributs s’embrasent en rouge et safran. Nous le disions toutes grisées, et nous le tînmes pour vérité, que nous serions toutes des reines et que nous atteindrions la mer. Avec les tresses de nos sept ans, et claires blouses de percale, en poursuivant des étourneaux enfuis dans l’ombre des figuiers. Des quatre royaumes, nous disions, indubitables tels le Coran, qu’ils seraient grands et si parfaits qu’ils s’étendraient jusqu’à la mer. Quatre époux nous épouserions, quand viendrait le temps d’épouser, et qui étaient rois et chanteurs comme David, roi de Judée. Et si grands seraient nos royaumes qu’ils possèderaient, sans nul doute, des mers vertes, des mers d’algues, et ce fou d’oiseau, le faisan. Et comme nous aurions tous les fruits, arbre à lait et arbre à pain, le gaïac nous ne couperions ni ne mordrions le métal. Toutes nous allions être reines, et de très véridique règne ; mais aucune n’a été reine ni d’Arauco ni de Copán. Rosalía embrassa marin qui avait épousé la mer, l’embrasseur, dans le Guaitecas, fut avalé par la tempête. Soledad éleva sept frères et son sang laissa dans leur pain, et ses yeux devinrent noirs de n’avoir jamais vu la mer. Dans les vignes de Montegrande, avec son noble et pur sein blanc, elle berce les fils d’autres reines mais les siens au grand jamais. Efigenia croisa étranger sur les routes, et sans parler, le suivit, sans lui savoir nom, parce que l’homme semble la mer. Et Lucila qui parlait aux fleuves, et aux cannaies et aux montagnes, dans les lunes de la folie reçut royaume véritable. Dans les nues elle compta dix fils et dans les salines son règne, dans les fleuves elle vit des époux et son manteau dans la tempête. Mais dans la vallée de l’Elqui, où sont cent montagnes, ou sont bien plus, chantent les autres qui sont venues et celles qui viennent chanteront : "Sur la terre nous seront reines, et de très véridique règne, et si grands seront nos royaumes que toutes nous atteindrons la mer." Traduction : Irène Gayraud, 2021 |
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Gil Def- Admin
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