País de la ausencia - Gabriela Mistral (1889-1945)
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País de la ausencia - Gabriela Mistral (1889-1945)
País de la ausencia - Pays de l’absence
Música: Pedro Millar Voz : Paulina Lambert
País de la ausencia extraño país, más ligero que ángel y seña sutil, color de alga muerta, color de neblí, con edad de siempre, sin edad feliz. No echa granada, no cría jazmín, y no tiene cielos ni mares de añil. Nombre suyo, nombre, nunca se lo oí, y en país sin nombre me voy a morir. Ni puente ni barca me trajo hasta aquí, no me lo contaron por isla o país. Yo no lo buscaba ni lo descubrí. Parece una fábula que yo me aprendí, sueño de tomar y de desasir. Y es mi patria donde vivir y morir. Me nació de cosas que no son país; de patrias y patrias que tuve y perdí; de las criaturas que yo vi morir; de lo que era mío y se fue de mí. Perdí cordilleras en donde dormí; perdí huertos de oro dulces de vivir; perdí yo las islas de caña y añil, y las sombras de ellos me las vi ceñir y juntas y amantes hacerse país. Guedejas de nieblas sin dorso y cerviz, alientos dormidos me los vi seguir, y en años errantes volverse país, y en país sin nombre me voy a morir. "Tala", 1938 | Pays de l’absence, étrange pays, plus léger qu’un ange et signe subtil, couleur algue morte, couleur faucon gris, âgé de toujours, sans âge qui rie. Ne donne grenade, ne nourrit jasmin, et n’a ni cieux ni mers d’indigo. Et son nom, son nom, jamais n’entendis en pays sans nom je m’en vais mourir. Nul pont, nulle barque me mena ici. On ne m’en dit rien comme île ou pays. Je ne le cherchais ni le découvris. Il semble une fable que j’avais apprise Un rêve à saisir et à laisser fuir. Et c’est ma patrie où vivre et mourir. Il m’est né de choses qui ne sont pays : de patries, de patries que j’eus et perdis ; et des créatures que je vis mourir ; de ce qui fut mien et de moi s’en fut. Perdues cordillères où j’avais dormi ; perdus vergers d’or suaves pour vivre ; perdues pour moi, îles de joncs, d’indigo, et toutes leurs ombres ai vu m’entourer jointes et amantes se faire pays. Crinières de brumes sans dos et sans nuque, souffles endormis les ai vus me suivre, en années errantes devenir pays. en pays sans nom je m’en vais mourir. Traduction : Irène Gayraud, 2021 |
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def- Admin
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