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Arte Poética - Jorge Luis Borges (1899-1986)

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 Arte Poética - Jorge Luis Borges (1899-1986) Empty Arte Poética - Jorge Luis Borges (1899-1986)

Message  Gil Def Mar 14 Mai - 7:13

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Jorge Luis BORGES
1899-1986

 Arte Poética - Jorge Luis Borges (1899-1986) Borges11



Arte Poética - L'art de la poésie


Voz : Jorge Luis Borges




Mirar el río hecho de tiempo y agua
y recordar que el tiempo es otro río,
saber que nos perdemos como el río
y que los rostros pasan como el agua.

Sentir que la vigilia es otro sueño
que sueña no soñar y que la muerte
que teme nuestra carne es esa muerte
de cada noche, que se llama sueño.

Ver en el día o en el año un símbolo
de los días del hombre y de sus años,
convertir el ultraje de los años
en una música, un rumor y un símbolo,

Ver en la muerte el sueño, en el ocaso
un triste oro, tal es la poesía
que es inmortal y pobre. La poesía
vuelve como la aurora y el ocaso.

A veces en las tardes una cara
nos mira desde el fondo de un espejo;
el arte debe ser como ese espejo
que nos revela nuestra propia cara.

Cuentan que Ulises, harto de prodigios,
lloró de amor al divisar su Itaca
verde y humilde. El arte es esa Itaca
de verde eternidad, no de prodigios.

También es como el río interminable
que pasa y queda y es cristal de un mismo
Heráclito inconstante, que es el mismo
y es otro, como el río interminable.


"El Hacedor", 1960




Contempler le fleuve fait de temps et d’eau
Et se souvenir que le temps est un fleuve aussi,
Savoir que nous nous perdons comme fait le fleuve
Et que les visages passent comme l’eau.

Sentir que la veille est elle aussi un sommeil
Qui rêve de ne point dormir, et que la mort
Que craint notre chair est cette même mort
Qui vient chaque nuit, qu’on appelle sommeil.

Voir dans le jour, dans l’année un symbole
Des jours de l’homme et de ses ans ;
Convertir l’outrage des ans
En une musique, un bruit, un symbole.

Voir le sommeil dans la mort, dans le couchant
Un or triste, telle est la poésie
Qui est immortelle et pauvre. La poésie
Revient comme l’aurore et le couchant.

Parfois, le soir, un visage
Nous regarde du fond d’un miroir :
L’art doit être comme ce miroir
Nous dévoilant notre propre visage.

On raconte qu’Ulysse, rassasié de prodiges,
Pleura d’amour en retrouvant son Ithaque
Verte et humble. L’art est cette Ithaque
Riche d’une verte éternité, non de prodiges.

Il est aussi comme le fleuve sans fin
Qui passe et qui reste, toujours le cristal d’un seul
Inconstant Héraclite, qui est toujours le même
Et autre pourtant, comme un fleuve sans fin.


Traduction : Roger Caillois, 1982.




Autres textes du même auteur :

1964 - 1964
Alguien - Quelqu'un
Amorosa anticipación - Anticipation d'amour
Ausencia - Absence
Camden, 1892 - Camden, 1892
El cómplice - Le complice
El remordimiento - Le remords
El sueño - Le rêve
La lluvia - la pluie
Las causas - Les causes
Las cosas - Les choses
Límites - Limites
Los espejos - Les miroirs
Los justos - Les justes
Nubes - Nuages
Soneto del vino - Sonnet du vin
Ya no seré feliz - Je ne serai plus heureux






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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def
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