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Alguien - Jorge Luis Borges (1899-1986)

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Message  Gil Def Mar 23 Juil - 18:25

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Jorge Luis BORGES
1899-1986

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Alguien - Quelqu’un


Voz : Tomás Galindo




Un hombre trabajado por el tiempo,
un hombre que ni siquiera espera la muerte
(las pruebas de la muerte son estadísticas
y nadie hay que no corra el albur
de ser el primer inmortal),
un hombre que ha aprendido a agradecer
las modestas limosnas de los días:
el sueño, la rutina, el sabor del agua,
una no sospechada etimología,
un verso latino o sajón,
la memoria de una mujer que lo ha abandonado
hace ya tantos años
que hoy puede recordarla sin amargura,
un hombre que no ignora que el presente
ya es el porvenir y el olvido,
un hombre que ha sido desleal
y con el que fueron desleales,
puede sentir de pronto, al cruzar la calle,
una misteriosa felicidad
que no viene del lado de la esperanza
sino de una antigua inocencia,
de su propia raíz o de un dios disperso.

Sabe que no debe mirarla de cerca,
porque hay razones más terribles que tigres
que le demostrarán su obligación
de ser un desdichado,
pero humildemente recibe
esa felicidad, esa ráfaga.

Quizá en la muerte para siempre seremos,
cuando el polvo sea polvo,
esa indescifrable raíz,
de la cual para siempre crecerá,
ecuánime o atroz,
nuestro solitario cielo o infierno.


"El otro, el mismo" - 1964




Un homme travaillé par le temps,
un homme qui n’espère même pas la mort
(les preuves de la mort sont statistiques
et il n’y a personne qui ne coure le risque
d’être le premier immortel),
un homme qui a appris à remercier les jours
de leurs modestes aumônes :
le sommeil, la routine, la saveur de l’eau,
quelque étymologie insoupçonnée,
un ver latin ou saxon,
le souvenir d’une femme qui l’a abandonné
il y a déjà tellement d’années
qu’il peut aujourd’hui se la rappeler sans amertume,
un homme qui n’ignore pas que le présent
est déjà l’avenir et l’oubli,
un homme qui a été déloyal
– et avec qui on fut déloyal –
peut soudain sentir en traversant la rue
une mystérieuse félicité
qui ne vient pas du côté de l’espoir
mais d’une ancienne innocence,
de sa propre racine ou d’un dieu épars.

Il sait qu’il ne doit pas la regarder de trop près,
parce qu’il y a des raisons plus terribles que des tigres
qui lui démontreront son devoir
d’être malheureux,
mais il reçoit avec humilité
cette félicité, cette rafale.

Peut-être dans la mort serons-nous pour toujours,
quand la poussière sera poussière,
cette racine indéchiffrable
d’où pour toujours croîtra,
impartial ou atroce,
notre solitaire ciel ou notre solitaire enfer.


Traduction : Nestor Ibarra, 2005




Autres textes du même auteur :

1964 - 1964
Amorosa anticipación - Anticipation d'amour
Arte poética - L'art de la poésie
Ausencia - Absence
Camden, 1892 - Camden, 1892
El cómplice - Le complice
El remordimiento - Le remords
El sueño - Le rêve
La lluvia - la pluie
Las causas - Les causes
Las cosas - Les choses
Límites - Limites
Los espejos - Les miroirs
Los justos - Les justes
Nubes - Nuages
Soneto del vino - Sonnet du vin
Ya no seré feliz - Je ne serai plus heureux






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Gil Def
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