1964 - Jorge Luis Borges (1899-1986)
COUPS DE COEUR POETIQUES :: QUAND LA POESIE PASSE LES FRONTIERES :: POEMES DE LANGUE ETRANGERE - ESPAGNOL
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1964 - Jorge Luis Borges (1899-1986)
1964 - 1964
Voz : Luigi Maria Corsanico
I Ya no es mágico el mundo. Te han dejado. Ya no compartirás la clara luna ni los lentos jardines. Ya no hay una luna que no sea espejo del pasado, cristal de soledad, sol de agonías. Adiós las mutuas manos y las sienes que acercaba el amor. Hoy sólo tienes la fiel memoria y los desiertos días. Nadie pierde (repites vanamente) sino lo que no tiene y no ha tenido nunca, pero no basta ser valiente para aprender el arte del olvido. Un símbolo, una rosa, te desgarra y te puede matar una guitarra. II Ya no seré feliz. Tal vez no importa. Hay tantas otras cosas en el mundo; un instante cualquiera es más profundo y diverso que el mar. La vida es corta y aunque las horas son tan largas, una oscura maravilla nos acecha, la muerte, ese otro mar, esa otra flecha que nos libra del sol y de la luna y del amor. La dicha que me diste y me quitaste debe ser borrada; lo que era todo tiene que ser nada. Sólo que me queda el goce de estar triste, esa vana costumbre que me inclina al Sur, a cierta puerta, a cierta esquina. "El otro, el mismo" - 1964 | I Le monde n’est plus magique. On t’a quitté. Tu ne partageras plus la lune claire Ni les jardins indolents. Il n’y a plus une Lune qui ne soit un miroir du passé, Cristal de solitude, soleil d’agonies. Adieu les mains réciproques et les tempes Que l’amour rapprochait. Aujourd’hui tu n’as Que la fidèle mémoire et les jours déserts. Personne ne perd (tu répètes vainement) Excepté ce qui n’a pas et n’a jamais eu, Mais le courage ne suffit pas Pour apprendre l’art de l’oubli. Un symbole, une rose, te déchirent Et une guitare peut te tuer. II Je ne serai plus heureux. Est-ce important ? Il y a tant d’autres choses dans le monde ; Un instant quelconque est plus profond Et divers que la mer. La vie est brève Et même si les heures sont très longues, une Obscure merveille nous guette, La mort, cette autre mer, cette autre flèche Qui nous libère du soleil et de la lune Et de l’amour. Le bonheur que tu m’offris Et que tu repris doit s’effacer ; Ce qui était tout doit devenir rien. Il ne me reste que le goût d’être triste, Cette vaine habitude qui me conduit Au Sud, à certaine porte, à certaine rue. Traduction : Silvia Baron Supervielle, 2014 |
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def- Admin
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