Los espejos - Jorge Luis Borges (1899-1986)
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Los espejos - Jorge Luis Borges (1899-1986)
Los espejos - Les miroirs
Voz : Teresa Signorato
Yo que sentí el horror de los espejos no sólo ante el cristal impenetrable donde acaba y empieza, inhabitable, un imposible espacio de reflejos Sino ante el agua especular que imita el otro azul en su profundo cielo que a veces raya el ilusorio vuelo del ave inversa o que un temblor agita Y ante la superficie silenciosa del ébano sutil cuya tersura repite como un sueño la blancura de un vago mármol o una vaga rosa, Hoy, al cabo de tantos y perplejos años de errar bajo la varia luna, me pregunto qué azar de la fortuna hizo que yo temiera los espejos. Espejos de metal, enmascarado espejo de caoba que en la bruma de su rojo crepúsculo disfuma ese rostro que mira y es mirado, Infinitos los veo, elementales ejecutores de un antiguo pacto, multiplicar el mundo como el acto generativo, insomnes y fatales. Prolonga este vano mundo incierto en su vertiginosa telaraña; a veces en la tarde los empaña el Hálito de un hombre que no ha muerto. Nos acecha el cristal. Si entre las cuatro paredes de la alcoba hay un espejo, ya no estoy solo. Hay otro. Hay el reflejo que arma en el alba un sigiloso teatro. Todo acontece y nada se recuerda en esos gabinetes cristalinos donde, como fantásticos rabinos, leemos los libros de derecha a izquierda. Claudio, rey de una tarde, rey soñado, no sintió que era un sueño hasta aquel día en que un actor mimó su felonía con arte silencioso, en un tablado. Que haya sueños es raro, que haya espejos, que el usual y gastado repertorio de cada día incluya el ilusorio orbe profundo que urden los reflejos. Dios (he dado en pensar) pone un empeño en toda esa inasible arquitectura que edifica la luz con la tersura del cristal y la sombra con el sueño. Dios ha creado las noches que se arman de sueños y las formas del espejo para que el hombre sienta que es reflejo y vanidad. Por eso no alarman. | Moi qui ai ressenti l’horreur des miroirs pas seulement devant le verre impénétrable là où finit et commence, inhabitable, un espace de réflexion impossible Mais face à l’eau spéculaire qui imite l’autre bleu dans son ciel profond qui confine parfois à la fuite illusoire de l’oiseau de revers ou qu’un tremblement secoue Et devant la surface silencieuse de l’ébène subtil dont la douceur répète la blancheur comme un rêve d’un marbre vague ou d’une rose vague, Aujourd’hui, après tant de perplexités des années d’errance sous la lune je me demande quelle chance de fortune cela m’a fait peur des miroirs. Miroirs métalliques, masqués miroir en acajou dans la brume de son crépuscule rouge, il s’efface ce visage qui regarde et est regardé, Je les vois à l’infini, élémentaires exécuteurs testamentaires d’une ancienne alliance, multiplier le monde comme l’acte générateur, insomniaque et fatal. Prolongez ce monde vain et incertain dans sa toile vertigineuse ; parfois, l’après-midi, cela les ternit le souffle d’un homme qui n’est pas mort. Le verre se cache dans nos traces. Si entre les quatre murs de l’alcôve, il y a un miroir, je ne suis plus seul. Il y en a un autre. Il y a le reflet cela met en place un théâtre furtif à l’aube. Tout arrive et rien n’est mémorisé dans ces armoires cristallines où, comme des rabbins fantastiques, nous lisons des livres de droite à gauche. Claude, roi d’un soir, roi des rêves, il n’avait pas l’impression que c’était un rêve jusqu’à ce jour dans lequel un acteur a choyé son crime avec l’art silencieux, sur une scène. Qu’il y ait des rêves est rare, qu’il y ait des miroirs, que le répertoire usé habituel de chaque jour incluent l’illusoire orbe profond que les reflets tissent. Dieu (j’en suis venu à penser) fait un effort dans toute cette architecture insaisissable qui construit la lumière avec douceur du cristal et de l’ombre avec le rêve. Dieu a créé les nuits qui sont construites des rêves et des formes du miroir afin que l’homme se sente un reflet et vanité. C’est pourquoi ils ne causent pas d’alarme. Traduction : --- |
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def- Admin
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