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Los espejos - Jorge Luis Borges (1899-1986)

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Message  Gil Def Ven 24 Mai - 15:34

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Jorge Luis BORGES
1899-1986

Los espejos - Jorge Luis Borges (1899-1986) Borges11



Los espejos - Les miroirs


Voz : Teresa Signorato




Yo que sentí el horror de los espejos
no sólo ante el cristal impenetrable
donde acaba y empieza, inhabitable,
un imposible espacio de reflejos

Sino ante el agua especular que imita
el otro azul en su profundo cielo
que a veces raya el ilusorio vuelo
del ave inversa o que un temblor agita

Y ante la superficie silenciosa
del ébano sutil cuya tersura
repite como un sueño la blancura
de un vago mármol o una vaga rosa,

Hoy, al cabo de tantos y perplejos
años de errar bajo la varia luna,
me pregunto qué azar de la fortuna
hizo que yo temiera los espejos.

Espejos de metal, enmascarado
espejo de caoba que en la bruma
de su rojo crepúsculo disfuma
ese rostro que mira y es mirado,

Infinitos los veo, elementales
ejecutores de un antiguo pacto,
multiplicar el mundo como el acto
generativo, insomnes y fatales.

Prolonga este vano mundo incierto
en su vertiginosa telaraña;
a veces en la tarde los empaña
el Hálito de un hombre que no ha muerto.

Nos acecha el cristal. Si entre las cuatro
paredes de la alcoba hay un espejo,
ya no estoy solo. Hay otro. Hay el reflejo
que arma en el alba un sigiloso teatro.

Todo acontece y nada se recuerda
en esos gabinetes cristalinos
donde, como fantásticos rabinos,
leemos los libros de derecha a izquierda.

Claudio, rey de una tarde, rey soñado,
no sintió que era un sueño hasta aquel día
en que un actor mimó su felonía
con arte silencioso, en un tablado.

Que haya sueños es raro, que haya espejos,
que el usual y gastado repertorio
de cada día incluya el ilusorio
orbe profundo que urden los reflejos.

Dios (he dado en pensar) pone un empeño
en toda esa inasible arquitectura
que edifica la luz con la tersura
del cristal y la sombra con el sueño.

Dios ha creado las noches que se arman
de sueños y las formas del espejo
para que el hombre sienta que es reflejo
y vanidad. Por eso no alarman.






Moi qui ai ressenti l’horreur des miroirs
pas seulement devant le verre impénétrable
là où finit et commence, inhabitable,
un espace de réflexion impossible

Mais face à l’eau spéculaire qui imite
l’autre bleu dans son ciel profond
qui confine parfois à la fuite illusoire
de l’oiseau de revers ou qu’un tremblement secoue

Et devant la surface silencieuse
de l’ébène subtil dont la douceur
répète la blancheur comme un rêve
d’un marbre vague ou d’une rose vague,

Aujourd’hui, après tant de perplexités
des années d’errance sous la lune
je me demande quelle chance de fortune
cela m’a fait peur des miroirs.

Miroirs métalliques, masqués
miroir en acajou dans la brume
de son crépuscule rouge, il s’efface
ce visage qui regarde et est regardé,

Je les vois à l’infini, élémentaires
exécuteurs testamentaires d’une ancienne alliance,
multiplier le monde comme l’acte
générateur, insomniaque et fatal.

Prolongez ce monde vain et incertain
dans sa toile vertigineuse ;
parfois, l’après-midi, cela les ternit
le souffle d’un homme qui n’est pas mort.

Le verre se cache dans nos traces. Si entre les quatre
murs de l’alcôve, il y a un miroir,
je ne suis plus seul. Il y en a un autre. Il y a le reflet
cela met en place un théâtre furtif à l’aube.

Tout arrive et rien n’est mémorisé
dans ces armoires cristallines
où, comme des rabbins fantastiques,
nous lisons des livres de droite à gauche.

Claude, roi d’un soir, roi des rêves,
il n’avait pas l’impression que c’était un rêve jusqu’à ce jour
dans lequel un acteur a choyé son crime
avec l’art silencieux, sur une scène.

Qu’il y ait des rêves est rare, qu’il y ait des miroirs,
que le répertoire usé habituel
de chaque jour incluent l’illusoire
orbe profond que les reflets tissent.

Dieu (j’en suis venu à penser) fait un effort
dans toute cette architecture insaisissable
qui construit la lumière avec douceur
du cristal et de l’ombre avec le rêve.

Dieu a créé les nuits qui sont construites
des rêves et des formes du miroir
afin que l’homme se sente un reflet
et vanité. C’est pourquoi ils ne causent pas d’alarme.


Traduction : ---




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