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Limites - Jorge Luis Borges (1899-1986)

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Limites - Jorge Luis Borges (1899-1986) Empty Limites - Jorge Luis Borges (1899-1986)

Message  Gil Def Ven 31 Mai 2024 - 12:47

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Jorge Luis BORGES
1899-1986

Limites - Jorge Luis Borges (1899-1986) Borges11



Límites - Limites


Voz : Jose Luis Borges




"De estas calles que ahondan el poniente,
una habrá (no sé cuál) que he recorrido
ya por última vez, indiferente
y sin adivinarlo, sometido

a quien prefija omnipotentes normas
y una secreta y rígida medida
a las sombras, los sueños y las formas
que destejen y tejen esta vida.

Si para todo hay término y hay tasa
y última vez y nunca más y olvido
¿Quién nos dirá de quién, en esta casa,
sin saberlo, nos hemos despedido?

Tras el cristal ya gris la noche cesa
y del alto de libros que una trunca
sombra dilata por la vaga mesa,
alguno habrá que no leeremos nunca.

Hay en el Sur más de un portón gastado
con sus jarrones de mampostería
y tunas, que a mi paso está vedado
como si fuera una litografía.

Para siempre cerraste alguna puerta
y hay un espejo que te aguarda en vano;
la encrucijada te parece abierta
y la vigila, cuadrifronte, Jano*.

Hay, entre todas tus memorias, una
que se ha perdido irreparablemente;
no te verán bajar a aquella fuente
ni el blanco sol ni la amarilla luna.

No volverá tu voz a lo que el persa
dijo en su lengua de aves y de rosas,
cuando al ocaso, ante la luz dispersa,
quieras decir inolvidables cosas.

¿Y el incesante Ródano y el lago,
todo ese ayer sobre el cual hoy me inclino?
Tan perdido estará como Cartago
que con fuego y con sal borró el latino*.

Creo en el alba oír un atareado
rumor de multitudes que se alejan;
son lo que me ha querido y olvidado;
espacio, tiempo y Borges ya me dejan."






"Parmi ces rues qui creusent l'ouest,
il y en a une (je ne sais pas laquelle) que j'ai parcourue,
pour la dernière fois, indifférent
et sans le deviner, soumis

à celui qui préfixe des règles omnipotentes
et une mesure secrète et rigide
aux ombres, aux rêves et aux formes
qui tissent et retissent cette vie.

Si pour tout il y a une fin et il y a un rythme
et la dernière fois et le jamais plus et l'oubli
Qui nous dira de qui, dans cette maison,
sans le savoir, nous avons fait nos adieux ?

Derrière la vitre désormais grise, la nuit cesse
et de la hauteur des livres qu'une ombre tronquée
s'étire sur la table vague,
certains d'entre eux que nous ne lirons jamais.

Il y a dans le sud plus d'une porte usée
avec ses vases en maçonnerie
et ses figues de barbarie, qu'à mon passage l'on barre
comme s'il s'agissait d'une lithographie.

Tu as toujours fermé une porte
et il y a un miroir qui t'attend en vain ;
et le carrefour te semble ouvert,
et y veille, quadruple face. Janus

Parmi tous vos souvenirs, il y en a un
qui a été perdu irrémédiablement;
On ne te verra pas descendre à cette fontaine
Ni le soleil blanc, ni la lune jaune.

Ta voix ne reviendra pas à ce que le Persan
dans sa langue d'oiseaux et de roses,
au coucher du soleil, devant la lumière diffuse,
tu veux dire des choses inoubliables.

Et le Rhône incessant et le lac,
tout cet hier sur lequel je me penche aujourd'hui ?
Aussi perdue que Carthage
Qui, par le feu et le sel, a effacé le latin.

Je crois qu'à l'aube, j'entends un grondement d'activité
la rumeur des foules qui s'éloignent ;
elles sont ce qui m'a aimé et oublié ;
l'espace, le temps et Borges m'ont quitté


Traduction : ---




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1964 - 1964
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