La pietà - Giuseppe Ungaretti (1888-1970)
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La pietà - Giuseppe Ungaretti (1888-1970)
La Pietà - La Pitié
Voce : Luigi Maria Corsanico
Voce : Luigi Maria Corsanico
1 Sono un uomo ferito. E me ne vorrei andare E finalmente giungere, Pietà, dove si ascolta L’uomo che è solo con sé. Non ho che superbia e bontà. E mi sento esiliato in mezzo agli uomini. Ma per essi sto in pena. Non sarei degno di tornare in me? Ho popolato di nomi il silenzio. Ho fatto a pezzi cuore e mente Per cadere in servitù di parole? Regno sopra fantasmi. O foglie secche, anima portata qua e là… No, odio il vento e la sua voce Di bestia immemorabile. Dio, coloro che t’implorano Non ti conoscono più che di nome? M’hai discacciato dalla vita. Mi discaccerai dalla morte? Forse l’uomo è anche indegno di sperare. Anche la fonte del rimorso è secca? Il peccato che importa, se alla purezza non conduce più. La carne si ricorda appena Che una volta fu forte. È folle e usata, l’anima. Dio guarda la nostra debolezza. Vorremmo una certezza. Di noi nemmeno più ridi? E compiangici dunque, crudeltà. Non ne posso più di stare murato Nel desiderio senza amore. Una traccia mostraci di giustizia. La tua legge qual è? Fulmina le mie povere emozioni, liberami dall’inquietudine. Sono stanco di urlare senza voce. 2 Malinconiosa carne dove una volta pullulò la gioia, occhi socchiusi del risveglio stanco, tu vedi, anima troppo matura, quel che sarò, caduto nella terra? È nei vivi la strada dei defunti, siamo noi la fiumana d’ombre, sono esse il grano che ci scoppia in sogno, loro è la lontananza che ci resta, e loro è l’ombra che dà peso ai nomi, la speranza d’un mucchio d’ombra e null’altro è la nostra sorte? E tu non saresti che un sogno, Dio? Almeno un sogno, temerari, vogliamo ti somigli. È parto della demenza più chiara. Non trema in nuvole di rami Come passeri di mattina Al filo delle palpebre. In noi sta e langue, piaga misteriosa. 3 La luce che ci punge È un filo sempre più sottile. Più non abbagli tu, se non uccidi? Dammi questa gioia suprema. 4 L’uomo, monotono universo, crede allargarsi i beni e dalle sue mani febbrili non escono senza fine che limiti. Attaccato sul vuoto Al suo filo di ragno, non teme e non seduce se non il proprio grido. Ripara il logorio alzando tombe, e per pensarti, Eterno, non ha che le bestemmie. Vita d’un uomo. Tutte le poesie, 1969 | 1 Je suis un homme blessé Et je voudrai m’en aller, Je voudrai enfin arriver, Pitié, là où l’on écoute L’homme seul avec lui-même. Je n’ai que superbe et bonté. Et je me sens en exil entre les hommes. Mais je suis en peine pour eux. Serais-je indigne de rentrer en moi ? J’ai peuplé de noms le silence Ai-je dépecé tête et cœur Pour être asservi à des mots ? Je règne sur des fantômes. O feuilles sèches Ame emportée çà et là. Mais je hais le vent, et sa voix De fauve sans mémoire. Dieu, ne te connaissent ils plus, Ceux qui t’implorent, que de nom ? Tu m’as chassé de la vie. Me chasseras-tu de la mort ? L’homme est peut-être indigne même d’espérer. Même la source du remords est-elle à sec ? Qu’importe le péché S’il n’est plus voie de pureté ? La chair à peine se rappelle Qu’elle fut un jour si forte. L’âme est folle, et vermoulue. Dieu, regarde notre faiblesse. Nous rêvons d’une certitude Tu ne nous raille même plus ? Compatis donc, cruauté. Je n’en peux plus d’être muré Dans le désir sans amour. Montre-nous quelque trace de justice. Qu’est-ce que c’est, la loi ? Foudroie nos pauvres émois, Délivre-moi de l’angoisse. Je suis las de hurler sans voix. 2 Chair de mélancolie Où foisonnait jadis la joie, Œil demi-clos du réveil harassé, Âme trop mûre, vois-tu Celui que je serai sous terre ? Le chemin des morts passe en nous. Nous sommes le fleuve des ombres, Elles sont le grain qui éclate dans nos rêves Elles sont la distance qui nous reste, L’ombre qui donne poids aux noms. Notre sort ne serait-il rien Que l’espoir d’un ramas d’ombres ? Toi, Dieu, ne serais qu’un songe ? Ce songe, au moins, téméraires Nous voulons qu’il te ressemble, Il est le fruit de la plus claire folie. Il ne tremble pas au fil des paupières Comme aux branches nuageuses Les moineaux du matin. Il est en nous qui pleure, mystérieuse plaie. 3 La lumière qui nous meurtrit Est un fil toujours plus ténu. N’éblouis-tu plus sans tuer ? Donne-moi cette joie suprême. 4 L’homme, monotone monde, Croit agrandir son empire Et de ses fiévreuses mains Ne sortent jamais que des bornes. Suspendu sur le vide A un fil d’araignée Il ne craint et ne séduit Jamais que son propre cri. Il répare la ruine en dressant des tombeaux, Et pour te penser, Eternel Il n’a rien que blasphèmes. Traduction : Philippe Jaccotet, 1973 |
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
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