COUPS DE COEUR POETIQUES
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment : -27%
PC Portable 17” LENOVO Ideapad 3 – 12 ...
Voir le deal
399.99 €

La pietà - Giuseppe Ungaretti (1888-1970)

Aller en bas

La pietà - Giuseppe Ungaretti (1888-1970) Empty La pietà - Giuseppe Ungaretti (1888-1970)

Message  Gil Def Jeu 23 Mai - 11:34

  La pietà - Giuseppe Ungaretti (1888-1970) 989837  La pietà - Giuseppe Ungaretti (1888-1970) 989837  La pietà - Giuseppe Ungaretti (1888-1970) 989837  


La pietà - Giuseppe Ungaretti (1888-1970) Italie12

Giuseppe UNGARETTI
1888-1970

La pietà - Giuseppe Ungaretti (1888-1970) AVT_Giuseppe-Ungaretti_5665



La Pietà - La Pitié


Voce : Luigi Maria Corsanico




1

Sono un uomo ferito.

E me ne vorrei andare
E finalmente giungere,
Pietà, dove si ascolta
L’uomo che è solo con sé.

Non ho che superbia e bontà.

E mi sento esiliato in mezzo agli uomini.

Ma per essi sto in pena.
Non sarei degno di tornare in me?

Ho popolato di nomi il silenzio.

Ho fatto a pezzi cuore e mente
Per cadere in servitù di parole?

Regno sopra fantasmi.

O foglie secche,
anima portata qua e là…

No, odio il vento e la sua voce
Di bestia immemorabile.

Dio, coloro che t’implorano
Non ti conoscono più che di nome?

M’hai discacciato dalla vita.

Mi discaccerai dalla morte?

Forse l’uomo è anche indegno di sperare.

Anche la fonte del rimorso è secca?

Il peccato che importa,
se alla purezza non conduce più.

La carne si ricorda appena
Che una volta fu forte.

È folle e usata, l’anima.

Dio guarda la nostra debolezza.

Vorremmo una certezza.

Di noi nemmeno più ridi?

E compiangici dunque, crudeltà.

Non ne posso più di stare murato
Nel desiderio senza amore.

Una traccia mostraci di giustizia.

La tua legge qual è?

Fulmina le mie povere emozioni,
liberami dall’inquietudine.

Sono stanco di urlare senza voce.

2

Malinconiosa carne
dove una volta pullulò la gioia,
occhi socchiusi del risveglio stanco,
tu vedi, anima troppo matura,
quel che sarò, caduto nella terra?

È nei vivi la strada dei defunti,

siamo noi la fiumana d’ombre,

sono esse il grano che ci scoppia in sogno,

loro è la lontananza che ci resta,

e loro è l’ombra che dà peso ai nomi,

la speranza d’un mucchio d’ombra
e null’altro è la nostra sorte?

E tu non saresti che un sogno, Dio?

Almeno un sogno, temerari,
vogliamo ti somigli.

È parto della demenza più chiara.

Non trema in nuvole di rami
Come passeri di mattina
Al filo delle palpebre.

In noi sta e langue, piaga misteriosa.

3

La luce che ci punge
È un filo sempre più sottile.

Più non abbagli tu, se non uccidi?

Dammi questa gioia suprema.

4

L’uomo, monotono universo,
crede allargarsi i beni
e dalle sue mani febbrili
non escono senza fine che limiti.

Attaccato sul vuoto
Al suo filo di ragno,
non teme e non seduce
se non il proprio grido.

Ripara il logorio alzando tombe,
e per pensarti, Eterno,
non ha che le bestemmie.


Vita d’un uomo. Tutte le poesie, 1969




1

Je suis un homme blessé

Et je voudrai m’en aller,
Je voudrai enfin arriver,
Pitié, là où l’on écoute
L’homme seul avec lui-même.

Je n’ai que superbe et bonté.

Et je me sens en exil entre les hommes.

Mais je suis en peine pour eux.
Serais-je indigne de rentrer en moi ?

J’ai peuplé de noms le silence

Ai-je dépecé tête et cœur
Pour être asservi à des mots ?

Je règne sur des fantômes.

O feuilles sèches
Ame emportée çà et là.

Mais je hais le vent, et sa voix
De fauve sans mémoire.

Dieu, ne te connaissent ils plus,
Ceux qui t’implorent, que de nom ?

Tu m’as chassé de la vie.

Me chasseras-tu de la mort ?

L’homme est peut-être indigne même d’espérer.

Même la source du remords est-elle à sec ?

Qu’importe le péché
S’il n’est plus voie de pureté ?

La chair à peine se rappelle
Qu’elle fut un jour si forte.

L’âme est folle, et vermoulue.

Dieu, regarde notre faiblesse.

Nous rêvons d’une certitude

Tu ne nous raille même plus ?

Compatis donc, cruauté.

Je n’en peux plus d’être muré
Dans le désir sans amour.

Montre-nous quelque trace de justice.

Qu’est-ce que c’est, la loi ?

Foudroie nos pauvres émois,
Délivre-moi de l’angoisse.

Je suis las de hurler sans voix.

2

Chair de mélancolie
Où foisonnait jadis la joie,
Œil demi-clos du réveil harassé,
Âme trop mûre, vois-tu
Celui que je serai sous terre ?

Le chemin des morts passe en nous.

Nous sommes le fleuve des ombres,

Elles sont le grain qui éclate dans nos rêves

Elles sont la distance qui nous reste,

L’ombre qui donne poids aux noms.

Notre sort ne serait-il rien
Que l’espoir d’un ramas d’ombres ?

Toi, Dieu, ne serais qu’un songe ?

Ce songe, au moins, téméraires
Nous voulons qu’il te ressemble,

Il est le fruit de la plus claire folie.

Il ne tremble pas au fil des paupières
Comme aux branches nuageuses
Les moineaux du matin.

Il est en nous qui pleure, mystérieuse plaie.

3

La lumière qui nous meurtrit
Est un fil toujours plus ténu.

N’éblouis-tu plus sans tuer ?

Donne-moi cette joie suprême.

4

L’homme, monotone monde,
Croit agrandir son empire
Et de ses fiévreuses mains
Ne sortent jamais que des bornes.

Suspendu sur le vide
A un fil d’araignée
Il ne craint et ne séduit
Jamais que son propre cri.

Il répare la ruine en dressant des tombeaux,
Et pour te penser, Eternel
Il n’a rien que blasphèmes.


Traduction : Philippe Jaccotet, 1973




Autres textes du même auteur :

Dova la luce - La lumière
Girovago - Vagabond
I fiumi - les fleuves
Inno alla morte - Hymne à la mort
La madre - La mère
Natale - Natal
Se tu mio fratello - Si toi mon frère
Secreto del poeta - Secret de poète
Sereno - Calme
Sonnolenza - Somnolence
Tutto ho perdito - J'ai tout perdu
Vanità - Vanité
Veglia - Veille





_________________
La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def
Gil Def
Admin

Masculin
Nombre de messages : 6798
Age : 75
Localisation : Nord de la France
Date d'inscription : 16/11/2007

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum