En estos campos de la tierra mía - Antonio Machado (1875-1939)
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En estos campos de la tierra mía - Antonio Machado (1875-1939)
En estos campos de la tierra mía - Dans ces campagnes de mon pays
Voz : Antonio Solano
Voz : Antonio Solano
En estos campos de la tierra mía, y extranjero en los campos de mi tierra —yo tuve patria donde corre el Duero por entre grises peñas, y fantasmas de viejos encinares, allá en Castilla, mística y guerrera, Castilla la gentil, humilde y brava, Castilla del desdén y de la fuerza—, en estos campos de mi Andalucía, ¡oh tierra en que nací!, cantar quisiera. Tengo recuerdos de mi infancia, tengo imágenes de luz y de palmeras, y en una gloria de oro, de lueñes campanarios con cigüeñas, de ciudades con calles sin mujeres bajo un cielo de añil, plazas desiertas donde crecen naranjos encendidos con sus frutas redondas y bermejas; y en un huerto sombrío, el limonero de ramas polvorientas y pálidos limones amarillos, que el agua clara de la fuente espeja, un aroma de nardos y claveles y un fuerte olor de albahaca y hierbabuena, imágenes de grises olivares bajo un tórrido sol que aturde y ciega, y azules y dispersas serranías con arreboles de una tarde inmensa; mas falta el hilo que el recuerdo anuda al corazón, el ancla en su ribera, o estas memorias no son alma. Tienen, en sus abigarradas vestimentas, señal de ser despojos del recuerdo, la carga bruta que el recuerdo lleva. Un día tornarán, con luz del fondo ungidos, los cuerpos virginales a la orilla vieja. "Lora del Rio", 1913 | Dans ces campagnes de mon pays, et étranger dans les campagnes de mon pays – moi j’avais ma patrie là où le Douro coule entre des rochers gris et des fantômes d’anciennes chênaies, là-bas en Castille, mystique et guerrière, noble Castille, humble et sauvage, Castille du mépris et de la force –, dans ces campagnes de mon Andalousie, oh ! terre où je naquis ! je voudrais chanter. J’ai des souvenirs de mon enfance, j’ai des images de lumière et de palmiers, et dans une gloire d’or, de clochers lointains avec des cigognes, de villes avec des rues sans femmes, sous un ciel indigo, de places désertes où poussent des orangers flamboyants avec leurs fruits ronds et vermeils ; et dans un jardin sombre, le citronnier aux branches poussiéreuses et aux pâles citrons jaunes que reflète l’eau claire du bassin, un arôme d’iris et d’œillets et une forte odeur de basilic et de menthe ; des images de grises oliveraies sous un soleil torride qui étourdit et aveugle, et de montagnes bleues et dispersées sous les rougeurs d’un soir immense ; mais il manque le fil qui noue le souvenir au cœur, l’ancre au rivage, ou ces souvenirs ne sont pas de l’âme. Ils ont sous leurs vêtements bigarrés, qui montrent qu’ils sont des dépouilles de la mémoire, la charge brute que le souvenir garde. Un jour imprégnés de la lumière des profondeurs, les corps virginaux s’en reviendront à l’ancien rivage. Traduction : Sylvie Léger et Bernard Sesé, 2004 |
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def- Admin
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