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Retrato - Antonio Machado (1875-1939)

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Retrato - Antonio Machado (1875-1939) Empty Retrato - Antonio Machado (1875-1939)

Message  Gil Def Ven 2 Aoû 2024 - 13:35

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Retrato - Antonio Machado (1875-1939) Espagn16

Antonio MACHADO
1875-1939

Retrato - Antonio Machado (1875-1939) Machad11



Retrato - Portrait


Voz : Joan Mora




Mi infancia son recuerdos de un patio de Sevilla,
y un huerto claro donde madura el limonero;
mi juventud, veinte años en tierras de Castilla;
mi historia, algunos casos que recordar no quiero.

Ni un seductor Mañara, ni un Bradomín he sido
-ya conocéis mi torpe aliño indumentario-,
mas recibí la flecha que me asignó Cupido,
y amé cuanto ellas puedan tener de hospitalario.

Hay en mis venas gotas de sangre jacobina,
pero mi verso brota de manantial sereno;
y más que un hombre al uso que sabe su doctrina
soy, en el buen sentido de la palabra, bueno.

Adoro la hermosura y en la moderna estética
corté las viejas rosas del huerto de Ronsard;
mas no amo los afeites de la actual cosmética,
ni soy un ave de esas del nuevo gay-trinar.

Desdeño las romanzas de los tenores huecos
y el coro de los grillos que cantan a la luna.
A distinguir me paro las voces de los ecos,
y escucho solamente, entre las voces, una.

¿Soy clásico o romántico? No sé. Dejar quisiera
mi verso, como deja el capitán su espada:
famosa por la mano viril que la blandiera,
no por el docto oficio del forjador preciada.

Converso con el hombre que siempre va conmigo
-quien habla solo espera hablar a Dios un día-;
mi soliloquio es plática con este buen amigo
que me enseñó el secreto de la filantropía.

Y al cabo, nada os debo; debéisme cuanto he escrito.
A mi trabajo acudo, con mi dinero pago
el traje que me cubre y la mansión que habito,
el pan que me alimenta y el lecho donde yago.

Y cuando llegue el día del último viaje,
y está al partir la nave que nunca ha de tornar
me encontraréis a bordo, ligero de equipaje,
casi desnudo, como los hijos de la mar.


Campos de Castilla, 1912




Mon enfance, ce sont des souvenirs d'un patio de Séville
et d'un jardin clair où mûrit le citronnier;
ma jeunesse, vingt ans en terre de Castille;
mon histoire, quelques épisodes dont je ne veux pas me souvenir.

Je n'ai pas été un don Juan de Mañara1 ni un Bradomin2,
- vous connaissez bien mon accoutrement maladroit -
mais j'ai reçu la flèche qui m'a décochée Cupidon
et j'ai aimé des femmes tout ce qu'elles avaient d'accueillant.

Il y a dans mes veines des gouttes de sang jacobin,
mais mon vers jaillit d'une source sereine;
et plus qu'un homme averti qui possède sa doctrine
je suis, dans le bon sens du mot, bon.

J'adore la beauté et dans la moderne esthétique
j'ai coupé les vieilles roses du jardin de Ronsard;
mais je n'aime pas les fards de l'actuelle cosmétique
et je ne suis pas un de ces oiseaux du nouveau gay-piaillement.

Je dédaigne les romances des ténors creux
et le chœur des grillons qui chantent à la lune.
Par contre, je m'efforce de distinguer les voix de leurs échos
et parmi les voix je n'en écoute qu'une.

Suis-je classique ou romantique ? Je ne sais. Je voudrais poser
ma rime comme le capitaine pose son épée:
plus fameuse par la main virile qui la sert
que par tout l'art du forgeron.

Je parle avec celui qui toujours m'accompagne
- qui parle seul espère un jour parler à Dieu -
mon soliloque rhétorique avec ce bon ami
qui m'enseigna le secrret de la philanthropie.

Enfin, je ne vous dois rien; vous me devez tout ce que j'ai écrit.
Je me rends à mon travail et je paie avec mon argent
le costume que je porte et la demeure que j'habite,
le pain qui me nourrit et le lit de mes repos.

Et quand viendra le jour de l'ultime voyage,
quand le navire, qui ne doit jamais revenir, sera sur le point de partir,
vous me trouverez à bord, léger de tout bagage,
presque nu, comme les fils de la mer.


Traduction : Alice Gascar




Autres textes du même auteur :

Al olmo viejo - Au vieil orme
Anoche cuando dormia - La nuit dernière, alors que je dormais
Caminante no hay caminante - Passant, il n'y a pas de chemin
Caminos - Chemins
Campos de Soria VIII - Terres de Soria VIII
Del pasado efimero - Du passé éphémère
El crimen fue en Grenada - Il y eut crime à Grenade
En estos campos de la tierra mía - Dans ces campagnes de mon pays
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La copla andaluza - La copla andalouse
La primavera - Le printemps
La primavera besaba - Le printemps doucement
Orillas del Duero - Rives du Douro
Recuerdo infantil - Souvenir d'enfance
Recuerdos - Souvenirs
Sol de invierno - Soleil d'hiver
Une noche de verano - Une nuit d'été
Yo voy soñando caminos - Je rêve de chemins






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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def
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