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Hoy recuerdo a los muertos de mi casa - Octavio Paz (1914-1998)

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Hoy recuerdo a los muertos de mi casa - Octavio Paz (1914-1998) Empty Hoy recuerdo a los muertos de mi casa - Octavio Paz (1914-1998)

Message  Gil Def Ven 31 Mai - 11:16

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Hoy recuerdo a los muertos de mi casa - Octavio Paz (1914-1998) Mexiqu12

Octavio PAZ
1914-1998

Hoy recuerdo a los muertos de mi casa - Octavio Paz (1914-1998) Paz_oc11



Hoy recuerdo ... - Aujourd'hui, je me souviens ...


Voz : Virginia Pardo




Hoy recuerdo a los muertos de mi casa.
Al primer muerto nunca lo olvidamos,
aunque muera de rayo, tan aprisa
que no alcance la cama ni los óleos.
Oigo el bastón que duda en un peldaño,
el cuerpo que se afianza en un suspiro,
la puerta que se abre, el muerto que entra.
De una puerta a morir hay poco espacio
y apenas queda tiempo de sentarse,
alzar la cara, ver la hora
y enterarse: las ocho y cuarto.

Hoy recuerdo a los muertos de mi casa.
La que murió noche tras noche
y era una larga despedida,
un tren que nunca parte, su agonía.
Codicia de la boca
al hilo de un suspiro suspendida,
ojos que no se cierran y hacen señas
y vagan de la lámpara a mis ojos,
fija mirada que se abraza a otra,
ajena, que se asfixia en el abrazo
y al fin se escapa y ve desde la orilla
cómo se hunde y pierde cuerpo el alma
y no encuentra unos ojos a que asirse…
¿Y me invitó a morir esa mirada?
Quizá morimos sólo porque nadie
quiere morirse con nosotros, nadie
quiere mirarnos a los ojos.

Hoy recuerdo a los muertos de mi casa.
Al que se fue por unas horas
y nadie sabe en qué silencio entró.
De sobremesa, cada noche,
la pausa sin color que da al vacío
o la frase sin fin que cuelga a medias
del hilo de la araña del silencio
abren un corredor para el que vuelve:
suenan sus pasos, sube, se detiene…
Y alguien entre nosotros se levanta
y cierra bien la puerta.
Pero él, allá del otro lado, insiste.
Acecha en cada hueco, en los repliegues,
vaga entre los bostezos, las afueras.
Aunque cerremos puertas, él insiste.

Hoy recuerdo a los muertos de mi casa.
Rostros perdidos en mi frente, rostros
sin ojos, ojos fijos, vaciados,
¿busco en ellos acaso mi secreto,
el dios de sangre que mi sangre mueve,
el dios de yelo, el dios que me devora?
Su silencio es espejo de mi vida,
en mi vida su muerte se prolonga:
soy el error final de sus errores.

Hoy recuerdo a los muertos de mi casa.
El pensamiento disipado, el acto
disipado, los nombres esparcidos
(lagunas, zonas nulas, hoyos
que escarba terca la memoria),
la dispersión de los encuentros,
el yo, su guiño abstracto, compartido
siempre por otro (el mismo) yo, las iras,
el deseo y sus máscaras, la víbora
enterrada, las lentas erosiones,
la espera, el miedo, el acto
y su reverso: en mí se obstinan,
piden comer el pan, la fruta, el cuerpo,
beber el agua que les fue negada.

Pero no hay agua ya, todo está seco,
no sabe el pan, la fruta amarga,
amor domesticado, masticado,
en jaulas de barrotes invisibles
mono onanista y perra amaestrada,
lo que devoras te devora,
tu víctima también es tu verdugo.
Montón de días muertos, arrugados
periódicos, y noches descorchadas
y en el amanecer de párpados hinchados
el gesto con que deshacemos
el nudo corredizo, la corbata,
y ya apagan las luces en la calle
?saluda al sol, araña, no seas rencorosa?
y más muertos que vivos entramos en la cama.

Es un desierto circular el mundo,
el cielo está cerrado y el infierno vacío.






Aujourd'hui, je me souviens des morts dans ma maison.
Les premiers morts, on ne les oublie jamais,
même s'il meurt de la foudre, si vite
qu'il ne peut atteindre le lit ou les peintures à l'huile.
J'entends la canne qui hésite sur une marche,
le corps qui s'immobilise dans un soupir,
la porte qui s'ouvre, le mort qui entre.
De la porte à la mort, il y a peu d'espace
et on a à peine le temps de s'asseoir,
de lever les yeux, de voir l'heure
et de savoir qu'il est huit heures et quart.

Aujourd'hui, je me souviens des morts dans ma maison.
Celui qui est mort nuit après nuit
et c'était un long adieu,
un train qui ne part jamais, son agonie.
L'avidité de la bouche
dans le fil d'un soupir suspendu,
les yeux qui ne se ferment pas et font signe
et errent de la lampe à mes yeux,
regard fixe qui embrasse l'autre,
étranger, qui étouffe dans l'étreinte
qui s'échappe enfin et observe depuis le rivage
comment l'âme s'enfonce et perd son corps
et ne trouve pas d'yeux auxquels s'accrocher...
Et ce regard m'invitait-il à mourir ?
Peut-être que nous mourons seuls parce que personne
ne veut mourir avec nous, personne
personne ne veut nous regarder dans les yeux.

Aujourd'hui, je me souviens des morts dans ma maison.
Celui qui est parti pour quelques heures
et personne ne sait dans quel silence il est entré.
Après le dîner, tous les soirs,
la pause incolore qui fait face au vide
ou la phrase interminable qui pend à moitié
sur le fil de l'araignée du silence
ouvrent un couloir pour celui qui revient :
ses pas résonnent, il monte, il s'arrête...
Et quelqu'un parmi nous se lève
et ferme la porte à double tour.
Mais lui, de l'autre côté, insiste.
Il se cache dans chaque creux, dans les recoins,
il erre parmi les bâillements, les périphéries.
Même si nous fermons les portes, il insiste.

Aujourd'hui, je me souviens des morts de ma maison.
Visages perdus sur mon front, visages sans yeux
sans yeux, des yeux fixes, vides,
je cherche en eux mon secret,
le dieu du sang que mon sang fait bouger,
le dieu du cri, le dieu qui me dévore ?
Leur silence est le miroir de ma vie,
dans ma vie se prolonge leur mort :
Je suis l'erreur finale de leurs erreurs.

Aujourd'hui, je me souviens des morts dans ma maison.
La pensée s'est dissipée, l'acte
dissipé, les noms dispersés
(lacunes, zones nulles, trous
que la mémoire s'obstine à creuser),
la dispersion des rencontres,
le moi, son clin d'œil abstrait, toujours partagé
toujours partagé par un autre (le même) moi, les colères,
le désir et ses masques, la vipère
enfouie, les lentes érosions,
l'attente, la peur, l'acte
et son envers : en moi ils s'obstinent,
ils demandent à manger le pain, le fruit, le corps,
de boire l'eau qui leur a été refusée.

Mais il n'y a plus d'eau, tout est sec,
plus de goût de pain, des fruits amers,
l'amour apprivoisé, mâché,
dans des cages aux barreaux invisibles
singe onaniste et chienne dressée,
ce que vous dévorez vous dévore,
ta victime est aussi ton bourreau.
Pile de jours morts, de journaux froissés
et nuits débouchées
et dans l'aube des paupières gonflées
le geste avec lequel on défait
le nœud coulissant, la cravate,
et les lumières sont déjà éteintes dans la rue
?salue le soleil, araignée, ne sois pas méchante ?
et nous allons nous coucher, plus morts que vivants.

Le monde est un désert circulaire,
le ciel est fermé et l'enfer est vide.


Traduction : ---




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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
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