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La vida scincilla - Octavio Paz (1914-1998)

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Message  Gil Def Lun 24 Juin 2024 - 15:53

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Octavio PAZ
1914-1998

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La vida scincilla - La vie simple


Voz : Mar Sancho




Llamar al pan y que aparezca
sobre el mantel el pan de cada día;
darle al sudor lo suyo y darle al sueño
y al breve paraíso y al infierno
y al cuerpo y al minuto lo que piden;
reír como el mar ríe, el viento ríe,
sin que la risa suene a vidrios rotos;
beber y en la embriaguez asir la vida,
bailar el baile sin perder el paso,
tocar la mano de un desconocido
en un día de piedra y agonía
y que esa mano tenga la firmeza
que no tuvo la mano del amigo;
probar la soledad sin que el vinagre
haga torcer mi boca, ni repita
mis muecas el espejo, ni el silencio
se erice con los dientes que rechinan:
estas cuatro paredes ?papel, yeso,
alfombra rala y foco amarillento?
no son aún el prometido infierno;
que no me duela más aquel deseo,
helado por el miedo, llaga fría,
quemadura de labios no besados:
el agua clara nunca se detiene
y hay frutas que se caen de maduras;
saber partir el pan y repartirlo,
el pan de una verdad común a todos,
verdad de pan que a todos nos sustenta,
por cuya levadura soy un hombre,
un semejante entre mis semejantes;
pelear por la vida de los vivos,
dar la vida a los vivos, a la vida,
y enterrar a los muertos y olvidarlos
como la tierra los olvida: en frutos...
Y que a la hora de mi muerte logre
morir como los hombres y me alcance
el perdón y la vida perdurable
del polvo, de los frutos y del polvo.


"Libertad bajo palabra", 1960




Appeler le pain par son nom - et que se pose
sur la nappe le pain de chaque jour ;
faire la part du feu, donner à nos rêves,
au bref paradis, à l’enfer,
au corps et à la minute ce qu’ils réclament ;
rire comme rit la mer, comme le vent rit,
sans que le rire sonne comme des bris de verre ;
boire et dans l’ivresse posséder la vie ;
danser sans perdre le tempo ;
toucher la main d’un inconnu
par un jour de pierre et d’agonie
et que cette main ait la fermeté
que n’eut pas la main de l’ami ;
passer par la solitude sans que le vinaigre
torde ma bouche, ni que le miroir
répète mes grimaces, ni que le silence
se hérisse dans un grincement de dents :
ces quatre murs – papier, plâtre,
tapis chiche, foyer jaunâtre –
ne sont pas encore l’enfer promis ;
que ne me blesse plus ce désir,
gelé par la peur, pluie froide,
brûlure des lèvres non embrassées :
l’eau claire jamais ne suspend son cours
et certains fruits tombent mûrs ;
savoir partager le pain – et le partage,
le pain d’une vérité commune à tous,
vérité du pain qui nourrit notre faim
(si je suis un homme, c’est par son levain,
un semblable parmi mes semblables) ;
lutter pour que vivent les vivants,
donner vie aux vivants, à la  vie,
et enterrer les morts et les oublier
comme la terre les oublie : comme des fruits...
et qu’à l’heure de la mort j’arrive
à mourir comme les hommes et que me soit donné
le pardon, et la vie perdurable
de la poussière, des fruits, de la poussière.


Traduction :  Jean-Clarence Lambert, 1966




Autres textes du même auteur :

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Bajo tu clara sombra - Sous ton ombre légère
Como quien oye llover - Comme quelqu'un qui entend la pluie
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Himno entre ruinas - Hymne entre les ruines
Hoy recuerdo a los muertos de mi casa - Aujourd'hui je me souviens des morts dans ma maison
La calle - La rue
La rama - La branche
Monólogo - Monologue
Niña - Fillette
Noche de verano - Nuit d'été
Primero de enero - Premier janvier
Tus ojos - Tes yeux
Viento - Le vent






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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def
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