La vida scincilla - Octavio Paz (1914-1998)
COUPS DE COEUR POETIQUES :: QUAND LA POESIE PASSE LES FRONTIERES :: POEMES DE LANGUE ETRANGERE - ESPAGNOL
Page 1 sur 1
La vida scincilla - Octavio Paz (1914-1998)
La vida scincilla - La vie simple
Voz : Mar Sancho
Voz : Mar Sancho
Llamar al pan y que aparezca sobre el mantel el pan de cada día; darle al sudor lo suyo y darle al sueño y al breve paraíso y al infierno y al cuerpo y al minuto lo que piden; reír como el mar ríe, el viento ríe, sin que la risa suene a vidrios rotos; beber y en la embriaguez asir la vida, bailar el baile sin perder el paso, tocar la mano de un desconocido en un día de piedra y agonía y que esa mano tenga la firmeza que no tuvo la mano del amigo; probar la soledad sin que el vinagre haga torcer mi boca, ni repita mis muecas el espejo, ni el silencio se erice con los dientes que rechinan: estas cuatro paredes ?papel, yeso, alfombra rala y foco amarillento? no son aún el prometido infierno; que no me duela más aquel deseo, helado por el miedo, llaga fría, quemadura de labios no besados: el agua clara nunca se detiene y hay frutas que se caen de maduras; saber partir el pan y repartirlo, el pan de una verdad común a todos, verdad de pan que a todos nos sustenta, por cuya levadura soy un hombre, un semejante entre mis semejantes; pelear por la vida de los vivos, dar la vida a los vivos, a la vida, y enterrar a los muertos y olvidarlos como la tierra los olvida: en frutos... Y que a la hora de mi muerte logre morir como los hombres y me alcance el perdón y la vida perdurable del polvo, de los frutos y del polvo. "Libertad bajo palabra", 1960 | Appeler le pain par son nom - et que se pose sur la nappe le pain de chaque jour ; faire la part du feu, donner à nos rêves, au bref paradis, à l’enfer, au corps et à la minute ce qu’ils réclament ; rire comme rit la mer, comme le vent rit, sans que le rire sonne comme des bris de verre ; boire et dans l’ivresse posséder la vie ; danser sans perdre le tempo ; toucher la main d’un inconnu par un jour de pierre et d’agonie et que cette main ait la fermeté que n’eut pas la main de l’ami ; passer par la solitude sans que le vinaigre torde ma bouche, ni que le miroir répète mes grimaces, ni que le silence se hérisse dans un grincement de dents : ces quatre murs – papier, plâtre, tapis chiche, foyer jaunâtre – ne sont pas encore l’enfer promis ; que ne me blesse plus ce désir, gelé par la peur, pluie froide, brûlure des lèvres non embrassées : l’eau claire jamais ne suspend son cours et certains fruits tombent mûrs ; savoir partager le pain – et le partage, le pain d’une vérité commune à tous, vérité du pain qui nourrit notre faim (si je suis un homme, c’est par son levain, un semblable parmi mes semblables) ; lutter pour que vivent les vivants, donner vie aux vivants, à la vie, et enterrer les morts et les oublier comme la terre les oublie : comme des fruits... et qu’à l’heure de la mort j’arrive à mourir comme les hommes et que me soit donné le pardon, et la vie perdurable de la poussière, des fruits, de la poussière. Traduction : Jean-Clarence Lambert, 1966 |
_________________
La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def- Admin
-
Nombre de messages : 6861
Age : 75
Localisation : Nord de la France
Date d'inscription : 16/11/2007
COUPS DE COEUR POETIQUES :: QUAND LA POESIE PASSE LES FRONTIERES :: POEMES DE LANGUE ETRANGERE - ESPAGNOL
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum