Ich kenne wo ein festes Schloss - Friedrich Hölderlin (1770-1843)
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Ich kenne wo ein festes Schloss - Friedrich Hölderlin (1770-1843)
Ich kenne wo ein festes Schloss - Je connais quelque part un château-fort |
Ich kenne wo ein festes Schloss, Ein stiller König wohnt darinnen, Mit einem wunderlichen Tross; Doch steigt er nie auf seine Zinnen. Verborgen ist sein Lustgemach Und unsichtbare Wächter lauschen; Nur wohlbekannte Quellen rauschen Zu ihm herab vom bunten Dach. Was ihre hellen Augen sahn In der Gestirne weiten Sälen, Das sagen sie ihm treulich an Und können sich nicht satt erzählen. Er badet sich in ihrer Flut, Wäscht sauber seine Zarten Glieder Und seine Strahlen blinken wieder Aus seiner Mutter weissem Blut. Sein Schloss ist alt und wunderbar, Es sank herab aus tiefen Meeren Stand fest, und steht noch immerdar, Die Flucht zum Himmel zu verwehren. Von Innen schlingt ein heimlich Band Sich um des Reiches Untertanen, Und Wolken wehn wie Siegesfahnen Herunter von der Felsenwand. Ein unermessliches Geschlecht Umgibt die festverschlossenen Pforten, Ein jeder spielt den treuen Knecht Und ruft den Herrn mit süßen Worten. Sie fühlen sich durch ihn beglückt, Und ahnen nicht, dass sie gefangen; Berauscht von trüglichem Verlangen Weiss keiner, wo der Schuh ihn drückt. Nur Wenige sind schlau und wach, Und dürsten nicht nach seinen Gaben; Sie trachten unablässig nach, Das alte Schloss zu untergraben. Der Heimlichkeit urmächtgen Bann, Kann nur die Hand der Einsicht lösen; Gelingt´s das Innere zu entblössen So bricht der Tag der Freiheit an. Dem Fleiss ist keine Wand zu fest, Dem Mut kein Abgrund unzugänglich; Wer sich auf Herz und Hand verlässt Spürt nach dem König unbedenklich. Aus seinen Kammern holt er ihn, vertreibt die Geister durch die Geister, Macht sich der wilden Fluten Meister, Und heisst sie selbst heraus sich ziehn. Je mehr er nun zum Vorschein kommt Und wild umher sich treibt auf Erden: Je mehr wird seine Macht gedämmt, Je mehr die Zahl der Freien werden. Am Ende wird von Banden los Das Meer die leere Burg durchdringen Und trägt auf weichen grünen Schwingen Zurück uns in der Heimat Schoss. Heinrich von Ofterdingen, 1802 | Je connais quelque part un château-fort Dans lequel vit un roi silencieux ; Une suite bizarre l’accompagne ; Mais il ne monte jamais aux créneaux. La chambre de ses plaisirs est cachée Et d’invisibles sentinelles veillent ; Seul, le chant des sources familières Descend à lui, du toit bariolé. Ce que leurs prunelles claires ont vu Sous les vastes espaces constellés, Elles en font un fidèle rapport En contant d’interminables histoires. Et lui se baigne en leur flot débordant, Il y purifie ses membres frêles Et ses rayons, plongés dans le sang blanc De sa mère, scintillent à nouveau. Son château-fort est vieux et merveilleux ; Provenant des tréfonds de l’Océan, Il se dressait et se dresse encore là Pour défendre tout accès vers le ciel. De l’intérieur, des chaînes invisibles Retiennent les sujets de ce royaume ; Des nuages pareils à des drapeaux S’élèvent contre ses parois rocheuses. Une multitude innombrable entoure Ses portes solidement verrouillées ; Et chacun joue au serviteur fidèle, Adressant des mots flatteurs à son maître. Ils se sentent bienheureux grâce à lui, Sans se douter qu’ils sont faits prisonniers ; Plus d’un s’enivre d’un désir trompeur Et ne sait où la chaussure le blesse. Quelques autres, habiles et lucides, Ne ressentent pas la soif de ses dons ; Ils aspirent continuellement A faire crouler l’antique château ; Seule, l’intelligence pourra rompre Le grand charme initial du mystère ; Si elle arrive à ruiner l’intérieur, Une ère de liberté s’ouvrira. Aucun mur qui ne cède sous l’effort, Aucun gouffre inaccessible au courage ; Rechercher le roi n’est pas dangereux, Pour qui se fie à son cœur, à son bras. Il l’extirpe de ses appartements, Et chasse les esprits par les esprits, Il se rend maître des flots en furie Et leur ordonne de se retirer. Plus ce seigneur apparaît au grand jour Et vagabonde partout sur la terre : Plus sa puissance va diminuant Et plus les hommes libres sont nombreux. Pour finir, libérée de ses chaînes, La mer transpercera le château vide Et, sur ses délicates ailes vertes Nous ramènera dans notre patrie. Traduction : Henri Stierlin, 1950 |
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Gil Def- Admin
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