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Riviere - Eugenio Montale (1896-1981)

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Riviere - Eugenio Montale (1896-1981) Empty Riviere - Eugenio Montale (1896-1981)

Message  Gil Def Ven 7 Juin - 18:08

  Riviere - Eugenio Montale (1896-1981) 989837  Riviere - Eugenio Montale (1896-1981) 989837  Riviere - Eugenio Montale (1896-1981) 989837  


Riviere - Eugenio Montale (1896-1981) Italie12

Eugenio MONTALE
1896-1981

Riviere - Eugenio Montale (1896-1981) Eugenio_montale



Riviere  - Rivage de mon pays


Voce : Giorgio Albertazzi




bastano pochi stocchi d'erbaspada
penduli da un ciglione
sul delirio del mare;
o due camelie pallide
nei giardini deserti,
e un eucalipto biondo che si tuffi
tra sfrusci e pazzi voli
nella luce;
ed ecco che in un attimo
invisibili fili a me si asserpano,
farfalla in una ragna
di fremiti d'olivi, di sguardi di girasoli.

Dolce cattività, oggi, riviere
di chi s'arrende per poco
come a rivivere un antico giuoco
non mai dimenticato.
Rammento l'acre filtro che porgeste
allo smarrito adolescente, o rive:
nelle chiare mattine si fondevano
dorsi di colli e ciclo; sulla rena
dei lidi era un risucchio ampio, un eguale
fremer di vite
una febbre del mondo; ed ogni cosa
in se stessa pareva consumarsi.

Oh allora sballottati
come l'osso di seppia dalle ondate
svanire a poco a poco;
diventare
un albero rugoso od una pietra
levigata dal mare; nei colori
fondersi dei tramonti; sparir carne
per spicciare sorgente ebbra di sole,
dal sole divorata...

Erano questi,
riviere, i voti del fanciullo antico
che accanto ad una rósa balaustrata
lentamente moriva sorridendo.

Quanto, marine, queste fredde luci
parlano a chi straziato vi fuggiva.
Lame d'acqua scoprentisi tra varchi
di labili ramure; rocce brune
tra spumeggi; frecciare di rondoni
vagabondi…

Ah, potevo
credervi un giorno, o terre,
bellezze funerarie, auree cornici
all'agonia d'ogni essere.                  

Oggi torno
a voi più forte, o è inganno, ben che il cuore
par sciogliersi in ricordi lieti - e atroci.
Triste anima passata
e tu volontà nuova che mi chiami,
tempo è forse d'unirvi
in un porto sereno di saggezza.
Ed un giorno sarà ancora l'invito
di voci d'oro, di lusinghe audaci,
anima mia non più divisa. Pensa:
cangiare in inno l'elegia; rifarsi;
non mancar più.

Potere
simili a questi rami
ieri scarniti e nudi ed oggi pieni
di fremiti e di linfe,
sentire
noi pur domani tra i profumi e i venti
un riaffluir di sogni, un urger folle
di voci verso un esito; e nel sole
che v'investe, riviere,
rifiorire!


Ossi di seppia, 1925




Des estocs de glaïeuls
penchés sur la falaise
à pic sur la mer en délire,
ou deux camélias pâles
dans les jardins déserts,
un eucalyptus blond, baigné dans la lumière
striée de vols déments
et de bruissements :
rien que cela suffit, et me voilà captif
d'invisibles fils qui se lovent et me piègent,
moi, papillon dans une toile d’araignée
d’oliviers frémissants, de tournesols voyeurs.

Qu’il est doux aujourd’hui de se laisser piéger
pour peu que l’on consente à revivre les jeux
de son enfance, jeux
qu’on ne peut oublier.
je me souviens du philtre amer que vous offrîtes,
Ô rivages de mon pays
à cet adolescent éperdu que j’étais ;
dans les matins clairs ciel et coteaux se mêlaient,
sur la grève un ressac énorme, un rythme égal
de frémissantes vies,
un monde fiévreux et toute chose
en soi semblant se consumer.

Oh, ballotés alors
comme l’os de la seiche à la merci des flots !
pouvoir s’évanouir peu à peu,
devenir
un galet que la mort polit, un arbre rugueux !
fondre dans les couleurs d’un coucher de soleil !
Voir sa chair disparaître et renaître eau de source
qui jaillisse, enivrée,
dévorée de soleil...

Oui, c’était dans mes vœux,
Ô rivage de mon pays : voeux d’un enfant d'autrefois,
appuyé à la balustrade lépreuse,
se mourant lentement avec un doux sourire.

Rivages de la mer, vos lumières glacées
ont un puissant langage pour ceux qui vous sont arrachés
ondes lamées que révèle une déchirure
de mouvantes ramures ; rochers noirs,
au milieu des écumes ; des dards de martinets
vagabonds...

Ah, je pouvais un jour,
Ô mon pays natal, regarder ta beauté
et lui trouver un air vaguement funéraire,
cadre à dorures pour l’agonie de tout être,

Je reviens aujourd’hui
vers toi, plus fort ou je me trompe, bien que mon cœur
semble se fondre dans les souvenirs heureux - et atroces.
mon âme d’autrefois triste
et toi, volonté nouvelle qui m’appelles,
peut-être est-il temps de vous unir tous deux
dans un havre de paix et de sagesse
un jour, tu entendras encor l’invite
de voix d’or, de leurres audacieux,
ô mon âme jamais plus écartelée. Songe :
changer en hymne l’élégie ! Se refaire ;
ne plus jamais faillir !

Oh, puissé-je,
à la semblance de ces branches
hier dénudées et nues et aujourd'hui pleines
de frémissements et de sèves,
sentir
aussi parmi les parfums et les vents,
un reflux de rêves, un cri fou
de voix vers un aboutissement ; et dans le soleil
qui vous nimbe, ô rivage de mon pays
refleurir !


Traduction : ---




Autres textes du même auteur :

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Gli uomini che si voltano - Les hommes qui se détournent
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Non rifugiarti nell'ombra - Ne te féfugie pas à l'ombre
Piove - Il pleut
Sarcofaghi - Sarcophage
Spesso il male di vivere - Souvent le mal de vivre





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Gil Def
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