Gente che non capisce - Cesare Pavese (1908-1950)
COUPS DE COEUR POETIQUES :: QUAND LA POESIE PASSE LES FRONTIERES :: POEMES DE LANGUE ETRANGERE - ITALIEN
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Gente che non capisce - Cesare Pavese (1908-1950)
Gente che non capisce luglio - Les gens ne comprennent pas
Voce : Domenico Pelini
Sotto gli alberi della stazione si accendono i lumi. Gella sa che a quest’ora sua madre ritorna dai prati col grembiale rigonfio. In attesa del treno, Gella guarda tra il verde e sorride al pensiero di fermarsi anche lei, tra i fanali, a raccogliere l’erba. Gella sa che sua madre da giovane è stata in città una volta: lei tutte le sere col buio ne parte e sul treno ricorda vetrine specchianti e persone che passano e non guardano in faccia. La città di sua madre è un cortile rinchiuso tra muraglie, e la gente s’affaccia ai balconi. Gella torna ogni sera con gli occhi distratti di colori e di voglie, e spaziando dal treno pensa, al ritmo monotono, netti profili di vie tra le luci, e colline percorse di viali e di vita e gaiezze di giovani, schietti nel passo e nel riso padrone. Gella è stufa di andare e venire, e tornare la sera e non vivere né tra le case né in mezzo alle vigne. La città la vorrebbe su quelle colline, luminosa, segreta, e non muoversi più. Così, è troppo diversa. Alla sera ritrova i fratelli che tornano scalzi da qualche fatica, e la madre abbronzata, e si parla di terre e lei siede in silenzio. Ma ancora ricorda che, bambina, tornava anche lei col suo fascio dell’erba: solamente, quelli erano giochi. E la madre che suda a raccogliere l’erba, perché da trent’anni l’ha raccolta ogni sera, potrebbe una volta ben restarsene in casa. Nessuno la cerca. Anche Gella vorrebbe restarsene sola, nei prati, ma raggiungere i più solitari, e magari nei boschi. E aspettare la sera e sporcarsi nell’erba e magari nel fango e mai più ritornare in città. Non far nulla, perché non c’è nulla che serva a nessuno. Come fanno le capre strappare soltanto le foglie più verdi e impregnarsi i capelli, sudati e bruciati, di rugiada notturna. Indurirsi le carni e annerirle e strapparsi le vesti, così che in città non la vogliano più. Gella è stufa di andare e venire e sorride al pensiero di entrare in città sfigurata e scomposta. Finché le colline e le vigne non saranno scomparse, e potrà passeggiare per i viali, dov’erano i prati, le sere, ridendo, Gella avrà queste voglie, guardando dal treno. | Sous les arbres de la gare, les lampes sont allumées. Gella sait qu'à cette heure-ci, sa mère revient des prés dans son tablier bouffant. Elle attend le train, Gella regarde à travers la verdure et sourit à l'idée qu'elle aussi s'arrêtera entre les feux pour cueillir de l'herbe. Gella sait que sa mère quand elle était jeune est venue en ville une fois : elle part tous les soirs dans l'obscurité et dans le train, elle se souvient des vitrines en miroir et des gens qui passent sans la regarder en face. La ville de sa mère est une cour entourée entre des murs, et les gens regardent depuis les balcons. Gella revient tous les soirs avec des yeux distraits de couleurs et d'envies, et s'éloignant du train pense, dans le rythme monotone, à des contours clairs de rues des collines sillonnées d'avenues et de la vie et la gaieté des jeunes gens, au pas franc et au rire magistral. Gella est fatiguée d'aller et venir, et de revenir le soir et de ne vivre ni dans les maisons ni dans les vignes. La ville l'aimerait sur ces collines, brillantes, secrètes, et ne plus jamais bouger. Elle est donc trop différente. Le soir, elle trouve les frères qui reviennent pieds nus de leur labeur, et sa mère bronzée, et ils parlent de la terre et elle s'assoit en silence. Ils parlent de la terre qu'enfant, elle aussi revenait avec son fagot d'herbe : seulement, c'était des jeux. Et la mère qui transpire en récoltant l'herbe, car pendant trente ans, elle l'a récoltée tous les soirs, elle pourrait bien une fois rester à la maison. Personne ne la cherche. Gella aimerait aussi être seule, dans les prés, mais pour rejoindre les plus solitaires, et peut-être dans les bois. Et attendre le soir et se salir dans l'herbe et peut-être dans la boue et ne jamais revenir à la ville. Ne rien faire, parce qu'il n'y a rien à faire pour personne. Comment les chèvres n'arrachent-elles que les feuilles les plus vertes et trempent leur poil, transpirant et brûlé, dans la rosée de la nuit. Durcissent leur chair et les noircissent et déchirent leurs vêtements, de sorte que dans la ville on ne veuille plus d'elle. Gella est fatiguée d'aller et venir et sourit à l'idée d'entrer dans la ville défigurée et échevelée. Jusqu'à ce que les collines et les vignobles disparaissent et qu'elle puisse marcher dans les avenues, là où se trouvaient les prés, le soir, en riant, Gella aura ces envies, en regardant le train. Traduction : --- |
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def- Admin
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