Paesaggio VI - Cesare Pavese (1908-1950)
COUPS DE COEUR POETIQUES :: QUAND LA POESIE PASSE LES FRONTIERES :: POEMES DE LANGUE ETRANGERE - ITALIEN
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Paesaggio VI - Cesare Pavese (1908-1950)
Paesaggio VI - Paysage VI
Voce : Valentina Audino
Quest’è il giorno che salgono le nebbie dal fiume nella bella città, in mezzo a prati e colline, e la sfumano come un ricordo. I vapori confondono ogni verde, ma ancora le donne dai vivi colori vi camminano. Vanno nella bianca penombra sorridenti: per strada può accadere ogni cosa. Può accadere che l’aria ubriachi. Il mattino si sarà spalancato in un largo silenzio attutendo ogni voce. Persino il pezzente, che non ha una città né una casa, l’avrà respirato, come aspira il bicchiere di grappa a digiuno. Val la pena aver fame o esser stato tradito dalla bocca piú dolce, pur di uscire a quel cielo ritrovando al respiro i ricordi piú lievi. Ogni via, ogni spigolo schietto di casa nella nebbia, conserva un antico tremore: chi lo sente non può abbandonarsi. Non può abbandonare la sua ebrezza tranquilla, composta di cose dalla vita pregnante, scoperte a riscontro d’una casa o d’un albero, d’un pensiero improvviso. Anche i grossi cavalli, che saranno passati tra la nebbia nell’alba, parleranno d’allora. O magari un ragazzo scappato di casa torna proprio quest’oggi, che sale la nebbia sopra il fiume, e dimentica tutta la vita, le miserie, la fame e le fedi tradite, per fermarsi su un angolo, bevendo il mattino. Val la pena tornare, magari diverso. Lavorare Stanca", 1943 | C’est le jour où les brumes s’élèvent du fleuve vers la belle cité, au milieu de collines et de prés, et la voilent comme un souvenir. Les vapeurs entremêlent les verts, mais les femmes aux couleurs éclatantes y marchent encore. Elles vont souriantes dans la blanche pénombre : dans la rue, il peut tout arriver. Il peut arriver que l’air saoule. Le matin se sera révélé dans un vaste silence, étouffant chaque voix. Et même le mendiant, sans ville ni maison, l’aura respiré comme il aspire à jeun son verre d’eau-de-vie. Ca vaut la peine d’avoir été trahi par la plus douce bouche ou bien d’être affamé, si l’on sort sous ce ciel et qu’on retrouve en respirant les plus frêles souvenirs. Chaque rue, chaque arête tranchée de maison conserve dans la brume un ancien tremblement : celui qui le ressent ne peut s’abandonner. Ni même abandonner son ivresse tranquille qui se nourrit de choses chargées d’une vie dense, découverte au détour d’une maison, d’un arbre, d’une pensée soudaine. Les gros chevaux aussi qui passeront à l’aube au milieu de la brume, parleront de jadis. Ou peut-être un enfant échappé de chez lui reviendra justement aujourd’hui où la brume s’élève sur le fleuve, et il oubliera la vie, les misères, la faim, la parole trahie, pour s’arrêter au coin d’une rue, en buvant le matin. Ca vaut la peine de revenir, même si l’on a changé. Traduction : Gilles de Van, 1969 |
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def- Admin
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