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Paesaggio VI - Cesare Pavese (1908-1950)

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Message  Gil Def Ven 19 Juil - 18:31

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Paesaggio VI - Cesare Pavese (1908-1950) Italie12

Cesare PAVESE
1908-1950

Paesaggio VI - Cesare Pavese (1908-1950) Pavese10



Paesaggio VI  - Paysage VI


Voce : Valentina Audino




Quest’è il giorno che salgono le nebbie dal fiume
nella bella città, in mezzo a prati e colline,
e la sfumano come un ricordo. I vapori confondono
ogni verde, ma ancora le donne dai vivi colori
vi camminano. Vanno nella bianca penombra
sorridenti: per strada può accadere ogni cosa.
Può accadere che l’aria ubriachi.

Il mattino
si sarà spalancato in un largo silenzio
attutendo ogni voce. Persino il pezzente,
che non ha una città né una casa, l’avrà respirato,
come aspira il bicchiere di grappa a digiuno.
Val la pena aver fame o esser stato tradito
dalla bocca piú dolce, pur di uscire a quel cielo
ritrovando al respiro i ricordi piú lievi.

Ogni via, ogni spigolo schietto di casa
nella nebbia, conserva un antico tremore:
chi lo sente non può abbandonarsi. Non può abbandonare
la sua ebrezza tranquilla, composta di cose
dalla vita pregnante, scoperte a riscontro
d’una casa o d’un albero, d’un pensiero improvviso.
Anche i grossi cavalli, che saranno passati
tra la nebbia nell’alba, parleranno d’allora.

O magari un ragazzo scappato di casa
torna proprio quest’oggi, che sale la nebbia
sopra il fiume, e dimentica tutta la vita,
le miserie, la fame e le fedi tradite,
per fermarsi su un angolo, bevendo il mattino.
Val la pena tornare, magari diverso.


Lavorare Stanca", 1943




C’est le jour où les brumes s’élèvent du fleuve
vers la belle cité, au milieu de collines et de prés,
et la voilent comme un souvenir. Les vapeurs entremêlent
les verts, mais les femmes aux couleurs éclatantes
y marchent encore. Elles vont souriantes
dans la blanche pénombre : dans la rue, il peut tout arriver.
Il peut arriver que l’air saoule.

Le matin
se sera révélé dans un vaste silence,
étouffant chaque voix. Et même le mendiant,
sans ville ni maison, l’aura respiré
comme il aspire à jeun son verre d’eau-de-vie.
Ca vaut la peine d’avoir été trahi par la plus douce bouche
ou bien d’être affamé, si l’on sort sous ce ciel
et qu’on retrouve en respirant les plus frêles souvenirs.

Chaque rue, chaque arête tranchée de maison
conserve dans la brume un ancien tremblement :
celui qui le ressent ne peut s’abandonner. Ni même abandonner
son ivresse tranquille qui se nourrit de choses
chargées d’une vie dense, découverte au détour
d’une maison, d’un arbre, d’une pensée soudaine.
Les gros chevaux aussi qui passeront à l’aube
au milieu de la brume, parleront de jadis.

Ou peut-être un enfant échappé de chez lui
reviendra justement aujourd’hui où la brume
s’élève sur le fleuve, et il oubliera la vie,
les misères, la faim, la parole trahie,
pour s’arrêter au coin d’une rue, en buvant le matin.
Ca vaut la peine de revenir, même si l’on a changé.


Traduction : Gilles de Van, 1969




Autres textes du même auteur :

Anche la notte ti somiglia - La nuit aussi te ressemble
Ancora cadrà la pioggia - La pluie tombera encore
Di salmastro e di terra - De saumure et de terre
Donne appassionate - Femmes passionnées
Gente che non capisce - Les gens ne comprennent pas
Grappa a settembre - Marc en septembre
Hai un sangue, un respiro - Tu as un sang, une haleine
Il paradiso sui tetti - Le paradis sur les toits
Lavorare stanca - Travailler fatigue
Lo spiraglio dell'alba - Le soupirail de l'aube
Lo steddazzu - L'étoile du matin
Mattino - Matin
Passerò per Piazza di Spagna - Je passerai par la Place d'Espagne
Piaceri notturni - Plaisirs nocturnes
Sei la vida et la morte - Tu es la vie et la mort
Semplicità - Simplicité
Ti ho sempre soltanto veduta - Je n'ai jamais vu que toi
Verrà la morte e avrà i tuoi occhi - La mort viendra et elle aura tes yeux






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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def
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