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Grappa a settembre - Cesare Pavese (1908-1950)

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Message  Gil Def Lun 24 Juin - 10:42

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Grappa a settembre - Cesare Pavese (1908-1950) Italie12

Cesare PAVESE
1908-1950

Grappa a settembre - Cesare Pavese (1908-1950) Pavese10



Grappa a settembre  - Marc en septembre


Voce : Sergio Carlacchiani



I mattini trascorrono chiari e deserti
sulle rive del fiume, che all’alba s’annebbia
e incupisce il suo verde, in attesa del sole.
Il tabacco, che vendono nell’ultima casa
ancor umida, all’orlo dei prati, ha un colore
quasi nero e un sapore sugoso: vapora azzurrino.
Tengon anche la grappa, colore dell’acqua.

È venuto un momento che tutto si ferma
e matura. Le piante lontano stan chete:
sono fatte più scure. Nascondono frutti
che a una scossa cadrebbero. Le nuvole sparse
hanno polpe mature. Lontano, sui corsi,
ogni casa matura al tepore del cielo.

Non si vede a quest’ora che donne. Le donne non fumano
e non bevono, sanno soltanto fermarsi nel sole
e riceverlo tiepido addosso, come fossero frutta.
L’aria, cruda di nebbia, si beve a sorsate
come grappa, ogni cosa vi esala un sapore.
Anche l’acqua del fiume ha bevuto le rive
e le macera al fondo, nel cielo. Le strade
sono come le donne, maturano ferme.

A quest’ora ciascuno dovrebbe fermarsi
per la strada e guardare come tutto maturi.
C’è persino una brezza, che non smuove le nubi,
ma che basta a dirigere il fumo azzurrino
senza romperlo: è un nuovo sapore che passa.
E il tabacco va intinto di grappa. È così che le donne
non saranno le sole a godere il mattino.






Les matins passent clairs et déserts
sur les rives du fleuve qui à l’aube s’embrume
et se charge d’un vert sombre, dans l’attente du soleil.
Le tabac que l’on vend dans la dernière maison
encore tout humide, en lisière des prés, est presque noir
et d’un goût savoureux : sa fumée est bleuâtre.
Ils ont aussi du marc qui a la couleur de l’eau.

Le moment est venu où tout s’immobilise
et mûrit. Les arbres, au loin, restent calmes :
ils paraissent plus sombres, et ils cachent des fruits
qui à la moindre secousse tomberaient. Les nuages épars
ont une pulpe mûre. Au loin, sur les boulevards,
chaque maison mûrit sous la tiédeur du ciel.

A cette heure, on ne voit que des femmes. Les femmes ne fument pas
ni ne boivent, elles savent simplement s’arrêter au soleil
et recevoir sur elles sa tiédeur, comme des fruits.
Froid de brume, l’air se boit par gorgées
comme du marc, chaque chose y exhale une saveur.
L’eau du fleuve elle aussi a bu ses rivages
et les macère au fond, dans le ciel. Les rues
sont pareilles aux femmes, elles mûrissent immobiles.

Il faudrait que chacun, à cette heure, s’arrête
dans la rue et regarde comment tout mûrit.
Il y a même une brise, qui n’ébranle pas les nuages,
mais suffit à diriger la fumée
bleuâtre, sans la rompre : saveur nouvelle qui passe.
Et le tabac doit être trempé dans du marc. Les femmes alors
ne seront plus les seules à jouir du matin.


Traduction : Gilles de Van, 1969)




Autres textes du même auteur :

Anche la notte ti somiglia - La nuit aussi te ressemble
Ancora cadrà la pioggia - La pluie tombera encore
Di salmastro e di terra - De saumure et de terre
Donne appassionate - Femmes passionnées
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Mattino - Matin
Paesaggio VI - Paysage VI
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Piaceri notturni - Plaisirs nocturnes
Sei la vida et la morte - Tu es la vie et la mort
Semplicità - Simplicité
Ti ho sempre soltanto veduta - Je n'ai jamais vu que toi
Verrà la morte e avrà i tuoi occhi - La mort viendra et elle aura tes yeux





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