Grappa a settembre - Cesare Pavese (1908-1950)
COUPS DE COEUR POETIQUES :: QUAND LA POESIE PASSE LES FRONTIERES :: POEMES DE LANGUE ETRANGERE - ITALIEN
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Grappa a settembre - Cesare Pavese (1908-1950)
Grappa a settembre - Marc en septembre
Voce : Sergio Carlacchiani
I mattini trascorrono chiari e deserti sulle rive del fiume, che all’alba s’annebbia e incupisce il suo verde, in attesa del sole. Il tabacco, che vendono nell’ultima casa ancor umida, all’orlo dei prati, ha un colore quasi nero e un sapore sugoso: vapora azzurrino. Tengon anche la grappa, colore dell’acqua. È venuto un momento che tutto si ferma e matura. Le piante lontano stan chete: sono fatte più scure. Nascondono frutti che a una scossa cadrebbero. Le nuvole sparse hanno polpe mature. Lontano, sui corsi, ogni casa matura al tepore del cielo. Non si vede a quest’ora che donne. Le donne non fumano e non bevono, sanno soltanto fermarsi nel sole e riceverlo tiepido addosso, come fossero frutta. L’aria, cruda di nebbia, si beve a sorsate come grappa, ogni cosa vi esala un sapore. Anche l’acqua del fiume ha bevuto le rive e le macera al fondo, nel cielo. Le strade sono come le donne, maturano ferme. A quest’ora ciascuno dovrebbe fermarsi per la strada e guardare come tutto maturi. C’è persino una brezza, che non smuove le nubi, ma che basta a dirigere il fumo azzurrino senza romperlo: è un nuovo sapore che passa. E il tabacco va intinto di grappa. È così che le donne non saranno le sole a godere il mattino. | Les matins passent clairs et déserts sur les rives du fleuve qui à l’aube s’embrume et se charge d’un vert sombre, dans l’attente du soleil. Le tabac que l’on vend dans la dernière maison encore tout humide, en lisière des prés, est presque noir et d’un goût savoureux : sa fumée est bleuâtre. Ils ont aussi du marc qui a la couleur de l’eau. Le moment est venu où tout s’immobilise et mûrit. Les arbres, au loin, restent calmes : ils paraissent plus sombres, et ils cachent des fruits qui à la moindre secousse tomberaient. Les nuages épars ont une pulpe mûre. Au loin, sur les boulevards, chaque maison mûrit sous la tiédeur du ciel. A cette heure, on ne voit que des femmes. Les femmes ne fument pas ni ne boivent, elles savent simplement s’arrêter au soleil et recevoir sur elles sa tiédeur, comme des fruits. Froid de brume, l’air se boit par gorgées comme du marc, chaque chose y exhale une saveur. L’eau du fleuve elle aussi a bu ses rivages et les macère au fond, dans le ciel. Les rues sont pareilles aux femmes, elles mûrissent immobiles. Il faudrait que chacun, à cette heure, s’arrête dans la rue et regarde comment tout mûrit. Il y a même une brise, qui n’ébranle pas les nuages, mais suffit à diriger la fumée bleuâtre, sans la rompre : saveur nouvelle qui passe. Et le tabac doit être trempé dans du marc. Les femmes alors ne seront plus les seules à jouir du matin. Traduction : Gilles de Van, 1969) |
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
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