La musique de Chopin - Anna de Noailles
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La musique de Chopin - Anna de Noailles
LES PHARES ET LES PASSERELLES HOMMAGE AUX ARTS - LA MUSIQUE |
La musique de Chopin "Les Vivants et les Morts" - 1913 Anna de Noailles Le vent d’automne, usant sa rude passion, Élague le jardin et disperse les fleurs, Et les arbres, emplis de force et de fureur, Avec des mouvements de dénégation Refusent d’écouter ce sombre séducteur… Une humidité terne, éplorée, abattue, Enveloppe l’étang, se suspend aux statues, Rôde ainsi qu’une lente et romanesque amante. La nue est alourdie et pourtant plus distante. Le vent, comme un torrent déversé dans l’allée, Roule avec une voix cristalline et fêlée Des graviers reluisants et des pommes de pin… Et, dans la maison froide où je rentre soudain, Un prélude houleux et grave de Chopin, Profond comme la mer immense et remuée, Pousse jusqu’en mon cœur ses sonores nuées ! — Ô sanglots de Chopin, ô brisements du cœur, Pathétiques sommets saignant au crépuscule, Cris humains des oiseaux traqués par les chasseurs Dans les roseaux altiers de la froide Vistule ! Soupirs ! Gémissements ! Paysages du pôle Qu’entr’ouvre le boulet d’un soleil rouge et rond, Noir cachet de la foudre au cœur chenu des saules, Tristesse de la plaine et des cris du héron ! Ô Chopin, votre voix, qui reproche et réclame, Comme un peuple affamé se répand dans nos âmes ; Vous êtes le martyr sur le gibet divin ; Votre bouche a goûté le fiel au lieu du vin ; Toute offense a meurtri votre cœur adorable ; La mer se plaint en vous et arrache les sables, Chopin ! Et nous pleurons les bonheurs refusés, Tandis que votre sombre et musicale rage S’étend, sur l’horizon chargé de lourds nuages, Comme un grand crucifix de cris entre-croisés ! Autres textes du même auteur Annecy Après l'ondée Automne, ton soleil Bayonne Ce ne sont pas les mots Chaleur Comme le temps est court Constantinople Eloge de la rose Entre les tombeaux et les astres Exaltation Eveil d'une journée Il fera longtemps clair ce soir Il pleut. Le ciel est noir J'écris pour que le jour où je ne serai plus J'espère de mourir Je croyais être Je veux bien respirer… Jeunesse Joviale odeur de la neige L'abondance L'ardeur L'automne L'enchantement de la Sicile L'enfance L'hiver L'Ile des folles à Venise L'innocence L'inquiet désir L'Inspiration L'offrande à la nature La cité natale La jeunesse La journée heureuse La mort de Jaurès La mort dit à l'homme La mort fervente La naissance du jour La vie profonde Le baiser Le cri des hirondelles Le jardin et la maison Le pays Le plaisir des oiseaux Le port de Palerme Le soldat Le souvenir des morts Le temps de vivre Le verger Le voyage Le voyage sentimental Les biches Les bords de la Marne Les îles bienheureuses Les journées romaines Les morts Les morts pour la Patrie Les nuits d'été Les plaisirs des jardins Les poètes romantiques Les voyages Matin frémissant Mon âme de peine et de joie Novembre O lumineux matin Ô Mort, vous rendez tout… Paysage du Hainaut Prière au destin Prière du combattant Qu'ai-je à faire de vous ? S'il est quelque autre chose au monde Stances à Victor Hugo Trains en été Tristesse de l'amour Un automne à Venise Un jardin au printemps Un soir à Vérone Un soir en Flandre Verdun Versailles Visite à la cathédrale de Reims |
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