Poema 20 - Pablo Neruda (1904-1973)
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Poema 20 - Pablo Neruda (1904-1973)
Poema 20
Puedo escribir - Je peux écrire
Voz : Pablo Neruda
Puedo escribir - Je peux écrire
Voz : Pablo Neruda
Puedo escribir los versos más tristes esta noche. Escribir, por ejemplo: » La noche está estrellada, y tiritan, azules, los astros, a lo lejos». El viento de la noche gira en el cielo y canta. Puedo escribir los versos más tristes esta noche. Yo la quise, y a veces ella también me quiso. En las noches como ésta la tuve entre mis brazos. La besé tantas veces bajo el cielo infinito. Ella me quiso, a veces yo también la quería. Cómo no haber amado sus grandes ojos fijos. Puedo escribir los versos más tristes esta noche. Pensar que no la tengo. Sentir que la he perdido. Oír la noche inmensa, más inmensa sin ella. Y el verso cae al alma como al pasto el rocío. Qué importa que mi amor no pudiera guardarla. La noche está estrellada y ella no está conmigo. Eso es todo. A lo lejos alguien canta. A lo lejos. Mi alma no se contenta con haberla perdido. Como para acercarla mi mirada la busca. Mi corazón la busca, y ella no está conmigo. La misma noche que hace blanquear los mismos árboles. Nosotros, los de entonces, ya no somos los mismos. Ya no la quiero, es cierto, pero cuánto la quise. Mi voz buscaba el viento para tocar su oído. De otro. Será de otro. Como antes de mis besos. Su voz, su cuerpo claro. Sus ojos infinitos. Ya no la quiero, es cierto, pero tal vez la quiero. Es tan corto el amor, y es tan largo el olvido. Porque en noches como ésta la tuve entre mis brazos, mi alma no se contenta con haberla perdido. Aunque éste sea el último dolor que ella me causa, y éstos sean los últimos versos que yo le escribo. "Veinte poemas de amor y una canción desesperada" - 1924 | Je peux écrire les vers les plus tristes cette nuit. Ecrire, par exemple : "La nuit est étoilée et tremblent, bleus, les astres au loin." Le vent de la nuit tournoie dans le ciel et il chante. Je peux écrire les vers les plus tristes cette nuit. Je l’ai aimée, et elle aussi parfois m’a aimé. Par des nuits comme celle-ci je l’ai tenue dans mes bras. Je l’ai tant embrassée sous le ciel infini. Elle m’a aimé, parfois moi aussi je l’aimais. Comment ne pas avoir aimé ses grands yeux fixes. Je peux écrire les vers les plus tristes cette nuit. Sentir que je ne l’ai plus. Et songer que je l’ai perdue. Entendre la nuit immense, plus immense sans elle. Et le vers tombe sur l’âme comme la rosée sur l’herbe. Qu’importe que mon amour n’ait su la garder. La nuit est étoilée, elle n’est plus avec moi. Voilà tout. Au loin quelqu’un chante. Au loin. Mon âme ne se console pas de l’avoir perdue. Comme pour la rapprocher mon regard la cherche. Et mon cœur la cherche, elle n’est pas avec moi. La même nuit qui fait blanchir les mêmes arbres. Nous, ceux d’alors, nous ne sommes plus les mêmes. Je ne l’aime plus, c’est vrai, mais comme je l’ai aimée ! Ma voix cherchait le vent pour toucher son oreille. A un autre. A un autre elle sera. Comme à mes baisers autrefois. A un autre sa voix, son corps clair. Ses yeux infinis. Je ne l’aime plus, c’est vrai, mais je l’aime encore peut-être. L’amour est si court, et si long est l’oubli. Par des nuits comme celle-ci, je l’ai tenue dans mes bras mon âme ne se console pas de l’avoir perdue. Même si c’est la dernière douleur que d’elle je subis, et ces vers sont les derniers que je lui écris.. Traduction : Stéphanie Decante, 2023 |
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Gil Def- Admin
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