Muchos somos - Pablo Neruda (1904-1973)
COUPS DE COEUR POETIQUES :: QUAND LA POESIE PASSE LES FRONTIERES :: POEMES DE LANGUE ETRANGERE - ESPAGNOL
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Muchos somos - Pablo Neruda (1904-1973)
Muchos somos - Nous sommes beaucoup
Voz : Juan Heredia Rojas
Voz : Juan Heredia Rojas
De tantos hombres que soy, que somos, no puedo encontrar a ninguno: se me pierden bajo la ropa, se fueron a otra ciudad. Cuando todo está preparado para mostrarme inteligente el tonto que llevo escondido se toma la palabra en mi boca. Otras veces me duermo en medio de la sociedad distinguida y cuando busco en mí al valiente, un cobarde que no conozco corre a tomar con mi esqueleto mil deliciosas precauciones. Cuando arde una casa estimada en vez del bombero que llamo se precipita el incendiario y ése soy yo. No tengo arreglo. Qué debo hacer para escogerme? Cómo puedo rehabilitarme? Todos los libros que leo celebran héroes refulgentes siempre seguros de sí mismos: me muero de envidia por ellos, en los filmes de vientos y balas me quedo envidiando al jinete, me quedo admirando al caballo. Pero cuando pido al intrépido me sale el viejo perezoso, y así yo no sé quién soy, no sé cuántos soy o seremos. Me gustaría tocar un timbre y sacar el mí verdadero porque si yo me necesito no debo desaparecerme. Mientras escribo estoy ausente y cuando vuelvo ya he partido: voy a ver si a las otras gentes les pasa lo que a mí me pasa, si son tantos como soy yo, si se parecen a sí mismos y cuando lo haya averiguado voy a aprender tan bien las cosas que para explicar mis problemas les hablaré de geografía. "Estravagario" - 1958 | De tant d’hommes que je suis, que nous sommes, je ne puis en trouver aucun : ils se perdent sous mes vêtements, ils sont partis dans une autre ville. Lorsque tout est préparé pour me montrer intelligent le sot que je porte caché prend la parole dans ma bouche. D’autres fois je m’endors parmi la société distinguée et lorsque je cherche en moi le courageux, un lâche que je ne connais pas court prendre avec mon squelette mille précautions délicieuses. Lorsque brûle une maison respectée au lieu du pompier que j’appelle l’incendiaire se précipite et celui-là c’est moi. Je n’ai pas de remède. Que dois-je faire pour me choisir? Comment puis-je me réhabiliter? Tous les livres que je lis célèbrent des héros éclatants toujours sûrs d’eux-mêmes : je meurs de jalousie pour eux, et dans les films de vents et de balles, je demeure à jalouser le cavalier, je demeure à admirer le cheval. Mais lorsque j’appelle l’intrépide c’est le vieux paresseux qui m’arrive, et ainsi je ne sais qui je suis, je ne sais combien je suis ou serons. J’aimerais appuyer sur une sonnette et sortir mon moi véritable car si j’ai besoin de moi je ne dois pas me dérober. Pendant que j’écris je suis absent et quand je reviens je suis déjà parti : je vais voir si aux autres gens il leur arrive ce qui m’arrive, s’ils sont comme je suis si nombreux, s’ils se ressemblent à eux-mêmes et lorsque je l’aurai vérifié je vais apprendre si bien les choses que pour expliquer mes problèmes je leur parlerai de géographie. Traduction : Guy Suarès |
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def- Admin
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