Oda al hombre sencillo - Pablo Neruda (1904-1973)
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Oda al hombre sencillo - Pablo Neruda (1904-1973)
Oda al hombre sencillo - Ode à l'homme simple
Voz : Luigi Maria Corsanico
Voz : Luigi Maria Corsanico
Voy a contarte en secreto quién soy yo, así, en voz alta, me dirás quién eres, quiero saber quién eres, cuánto ganas, en qué taller trabajas, en qué mina, en qué farmacia, tengo una obligación terrible y es saberlo, saberlo todo, día y noche saber cómo te llamas, ése es mi oficio, conocer una vida no es bastante ni conocer todas las vidas es necesario, verás, hay que desentrañar, rascar a fondo y como en una tela las líneas ocultaron, con el color, la trama del tejido, yo borro los colores y busco hasta encontrar el tejido profundo, así también encuentro la unidad de los hombres, y en el pan busco más allá de la forma: me gusta el pan, lo muerdo, y entonces veo el trigo, los trigales tempranos, la verde forma de la primavera las raíces, el agua, por eso más allá del pan, veo la tierra, la unidad de la tierra, el agua, el hombre, y así todo lo pruebo buscándote en todo, ando, nado, navego hasta encontrarte, y entonces te pregunto cómo te llamas, calle y número, para que tú recibas mis cartas, para que yo te diga quién soy y cuánto gano, dónde vivo, y cómo era mi padre. Ves tú qué simple soy, qué simple eres, no se trata de nada complicado, yo trabajo contigo, tú vives, vas y vienes de un lado a otro, es muy sencillo: eres la vida, eres tan transparente como el agua, y así soy yo, mi obligación es ésa: ser transparente, cada día me educo, cada día me peino pensando como piensas, y ando como tú andas, como, como tú comes, tengo en mis brazos a mi amor como a tu novia tú, y entonces cuando esto está probado, cuando somos iguales escribo, escribo con tu vida y con la mía, con tu amor y los míos, con todos tus dolores y entonces ya somos diferentes porque, mi mano en tu hombro, como viejos amigos te digo en las orejas; no sufras, ya llega el día, ven, ven conmigo, ven con todos los que a ti se parecen, los más sencillos, ven, no sufras, ven conmigo, porque aunque no lo sepas, eso yo sí lo sé: yo sé hacia dónde vamos, y es ésta la palabra: no sufras porque ganaremos, ganaremos nosotros, los más sencillos, ganaremos, aunque tú no lo creas, ganaremos. "Odas elementales", 1954 | Je vais te raconter en secret qui je suis, moi comme ça, à voix haute tu me diras qui tu es, je veux savoir qui tu es combien tu gagnes, l’atelier où tu travailles, la mine, la pharmacie, j’ai une obligation terrible, celle de le savoir, de tout savoir, nuit et jour savoir comment tu t’appelles, voilà mon métier, connaître une vie ne suffit pas, ni de connaître toutes les vies, soit nécessaire tu comprends il s’agit de fouiller, de racler à fond, et tout comme dans une étoffe les lignes ont occulté par la couleur la trame du tissu, moi j’efface les couleurs et je cherche jusqu’à trouver le tissu profond, c’est ainsi que je trouve aussi l’unité des hommes, et dans le pain je cherche au-delà de la forme : j’aime le pain, je le mords, et alors je vois le blé, les champs de jeunes pousses, la verte forme du printemps, les racines, l’eau, à cause de çà, au-delà du pain je vois la terre, l’unité de la terre, l’eau, l’homme, et ainsi je goûte les choses, et en chacune je te cherche, je marche, nage, navigue jusqu’à te trouver, et alors je te demande comment tu t’appelles, ta rue et ton numéro, pour que tu reçoives mes lettres, pour te dire qui je suis et combien je gagne, où j’habite, et comment était mon père. Tu vois si je suis simple, si tu es simple, il ne s’agit pas d’une chose compliquée, moi, je travaille avec toi, toi, tu vis, tu vas, tu viens, d’un côté, de l’autre, c’est tout simple : tu es la vie, tu es aussi transparent que l’eau, et je le suis aussi, voilà mon obligation : être transparent, chaque jour je m’éduque, chaque jour je me peigne en pensant comme tu penses, et je marche comme toi tu marches, je mange, comme tu manges, je tiens mon aimée dans mes bras comme toi ta fiancée, et alors quand tout cela est clair, quand nous sommes les mêmes, j’écris, j’écris avec ta vie et avec la mienne, avec ton amour et les miens, avec toutes tes douleurs, et alors, alors nous sommes différents, parce que, la main sur ton épaule, comme de vieux amis, je te dis à l’oreille : ne souffre pas, le jour arrive, viens, viens avec moi, viens avec tous ceux qui te ressemblent, les plus simples, viens, ne souffre pas, viens avec moi, parce que même si tu l’ignores moi je le sais, je sais où nous allons et voici la parole : ne souffre pas, parce que nous gagnerons, nous gagnerons, nous les plus simples, nous gagnerons, même si tu n’y crois pas, nous gagnerons. Traduction : d'après Jean-Francis Reille, 1974 |
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def- Admin
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