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Oda al hombre sencillo - Pablo Neruda (1904-1973)

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Message  Gil Def Dim 2 Juin - 14:35

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 Oda al hombre sencillo - Pablo Neruda (1904-1973) Chili12

Pablo NERUDA
1904-1973

 Oda al hombre sencillo - Pablo Neruda (1904-1973) Neruda11



Oda al hombre sencillo - Ode à l'homme simple


Voz : Luigi Maria Corsanico




Voy a contarte en secreto
quién soy yo,
así, en voz alta,
me dirás quién eres,
quiero saber quién eres,
cuánto ganas,
en qué taller trabajas,
en qué mina,
en qué farmacia,
tengo una obligación terrible
y es saberlo,
saberlo todo,
día y noche saber
cómo te llamas,
ése es mi oficio,
conocer una vida
no es bastante
ni conocer todas las vidas
es necesario,
verás,
hay que desentrañar,
rascar a fondo
y como en una tela
las líneas ocultaron,
con el color, la trama
del tejido,
yo borro los colores
y busco hasta encontrar
el tejido profundo,
así también encuentro
la unidad de los hombres,
y en el pan
busco
más allá de la forma:
me gusta el pan, lo muerdo,
y entonces
veo el trigo,
los trigales tempranos,
la verde forma de la primavera
las raíces, el agua,
por eso
más allá del pan,
veo la tierra,
la unidad de la tierra,
el agua,
el hombre,
y así todo lo pruebo
buscándote
en todo,
ando, nado, navego
hasta encontrarte,
y entonces te pregunto
cómo te llamas,
calle y número,
para que tú recibas
mis cartas,
para que yo te diga
quién soy y cuánto gano,
dónde vivo,
y cómo era mi padre.
Ves tú qué simple soy,
qué simple eres,
no se trata
de nada complicado,
yo trabajo contigo,
tú vives, vas y vienes
de un lado a otro,
es muy sencillo:
eres la vida,
eres tan transparente
como el agua,
y así soy yo,
mi obligación es ésa:
ser transparente,
cada día
me educo,
cada día me peino
pensando como piensas,
y ando
como tú andas,
como, como tú comes,
tengo en mis brazos a mi amor
como a tu novia tú,
y entonces
cuando esto está probado,
cuando somos iguales
escribo,
escribo con tu vida y con la mía,
con tu amor y los míos,
con todos tus dolores
y entonces
ya somos diferentes
porque, mi mano en tu hombro,
como viejos amigos
te digo en las orejas;
no sufras,
ya llega el día,
ven,
ven conmigo,
ven
con todos
los que a ti se parecen,
los más sencillos,
ven,
no sufras,
ven conmigo,
porque aunque no lo sepas,
eso yo sí lo sé:
yo sé hacia dónde vamos,
y es ésta la palabra:
no sufras
porque ganaremos,
ganaremos nosotros,
los más sencillos,
ganaremos,
aunque tú no lo creas,
ganaremos.


"Odas elementales", 1954




Je vais te raconter en secret
qui je suis, moi
comme ça, à voix haute
tu me diras qui tu es,
je veux savoir qui tu es
combien tu gagnes,
l’atelier où tu travailles,
la mine,
la pharmacie,
j’ai une obligation terrible,
celle de le savoir,
de tout savoir,
nuit et jour savoir
comment tu t’appelles,
voilà mon métier,
connaître une vie
ne suffit pas,
ni de connaître toutes les vies,
soit nécessaire
tu comprends
il s’agit de fouiller,
de racler à fond,
et tout comme dans une étoffe
les lignes ont occulté
par la couleur la trame
du tissu,
moi j’efface les couleurs
et je cherche jusqu’à trouver
le tissu profond,
c’est ainsi que je trouve aussi
l’unité des hommes,
et dans le pain
je cherche
au-delà de la forme :
j’aime le pain, je le mords,
et alors
je vois le blé,
les champs de jeunes pousses,
la verte forme du printemps,
les racines, l’eau,
à cause de çà,
au-delà du pain
je vois la terre,
l’unité de la terre,
l’eau,
l’homme,
et ainsi je goûte les choses,
et en chacune
je te cherche,
je marche, nage, navigue
jusqu’à te trouver,
et alors je te demande
comment tu t’appelles,
ta rue et ton numéro,
pour que tu reçoives
mes lettres,
pour te dire
qui je suis et combien je gagne,
où j’habite,
et comment était mon père.
Tu vois si je suis simple,
si tu es simple,
il ne s’agit pas
d’une chose compliquée,
moi, je travaille avec toi,
toi, tu vis, tu vas, tu viens,
d’un côté, de l’autre,
c’est tout simple :
tu es la vie,
tu es aussi transparent
que l’eau,
et je le suis aussi,
voilà mon obligation :
être transparent,
chaque jour
je m’éduque,
chaque jour je me peigne
en pensant comme tu penses,
et je marche
comme toi tu marches,
je mange, comme tu manges,
je tiens mon aimée dans mes bras
comme toi ta fiancée,
et alors
quand tout cela est clair,
quand nous sommes les mêmes,
j’écris,
j’écris avec ta vie et avec la mienne,
avec ton amour et les miens,
avec toutes tes douleurs,
et alors,
alors nous sommes différents,
parce que, la main sur ton épaule,
comme de vieux amis,
je te dis à l’oreille :
ne souffre pas,
le jour arrive,
viens,
viens avec moi,
viens
avec tous
ceux qui te ressemblent,
les plus simples,
viens,
ne souffre pas,
viens avec moi,
parce que même si tu l’ignores
moi je le sais,
je sais où nous allons
et voici la parole :
ne souffre pas,
parce que nous gagnerons,
nous gagnerons, nous
les plus simples,
nous gagnerons,
même si tu n’y crois pas,
nous gagnerons.


Traduction : d'après Jean-Francis Reille, 1974




Autres textes du même auteur :

Algunes amistades son eternas - Certaines amitiés sont éternelles
Amo el trozo de tierra que tu eres - J'aime ce morceau de terre que tu es
Amo Valparaiso - J'aime Valparaiso
Antes de amarte, amor - Avant de t'aimer, l'amour
Bella - Belle
La canción desesperada - La chanson désespérée
La poesia - La poésie
Muchos somos - Nous sommes beaucoup
No te toque la noche - Que ne t'atteigne pas la nuit
Oda el perro - Ode au chien
Pido silencio - Je demande le silence
Poema 1 : Cuerpo de mujer - Corps de femme
Poema 2 : En su llama mortal - Dans sa flamme mortelle
Poema 3 : Ah vastedad de pinos - Immensité de pins
Poema 4 : Es la mañana llena de tempestad - C'est le matin plein de tempête
Poema 5 : Para que tú me oigas - Pour que tu m'entendes
Poema 6 : Te recuerdo como eras - Je me souviens de toi
Poema 7 : Inclinado en las tardes - Penché dans le couchant
Poema 8 : Abeja blanca zumbas ebria de miel - Blanche abeille ivre de miel
Poema 9 : Ebrio de trementina y largos besos - Ivre de térébinthe et de longs baisers
Poema 10 : Hemos perdido aún este crepúsculo - Encore ce crépuscule nous a échappé
Poema 11 : Casi fuera del cielo - A la lisière du ciel
Poema 12 : Para mi corazón - Pour mon coeur
Poema 13 : He ido marcando - J'ai tracé
Poema 14 : Juegas todos los días - Tu joues tous les jours
Poema 15 : Me gustas cuando callas - J'aime quand tu te tais
Poema 16 : En mi cielo al crepúsculo - En mon ciel au crépuscule
Poema 17 : Pensando - Occupé à penser
Poema 18 : Aquí te Amo - Ici je t'aime
Poema 19 : Niña morena - Belle brune
Poema 20 - Puedo escribir - Je peux écrire
Si tu me olvidas - Si tu m'oublies
Ti manderò un bacio con il vento - Je t'enverrai un baiser avec le vent
Tu risa - Ton rire
Tus manos - Tes mains





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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def
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